Dans le communiqué du Conseil constitutionnel, on peut lire l'expression "dont Abdelaziz Bouteflika". Une formulation qui prête à des lectures et qui pourrait être saisie au vol par ceux qui rejettent sa candidature. Le Conseil constitutionnel a rendu publique la liste définitive des candidats à la présidentielle du 17 avril après avoir terminé l'étude des dossiers des postulants. Sur plus d'une centaine d'intentions, ceux qui ont retiré les formulaires de signatures, il n'en reste que six. Le reste est passé à la trappe. Il est vrai qu'une bonne partie des postulants à la candidature était fantaisiste, des indépendants pour la majorité sans CV politique et encore moins un parcours militant connu. Au final, on retrouve, Ali Benflis, Louisa Hanoune, Moussa Touati, Ali Faouzi Rebaïne, Abdelaziz Belaïd et Abdelaziz Bouteflika. Cette frénésie, parfois aux allures de gag, s'explique par les conditions qu'impose la Constitution pour postuler. En fait, l'élection est ouverte à tout Algérien normalement constitué. Dans le communiqué du Conseil constitutionnel, on peut lire l'expression "dont Abdelaziz Bouteflika". Une formulation qui prête à des lectures et qui pourrait être saisie au vol par ceux qui rejettent sa candidature. Parmi les six candidats, cinq sont "des récidivistes" puisqu'ils ont participé au moins par deux fois (Ali Benflis) à la présidentielle depuis au moins 1999. La nouveauté est dans la candidature de l'ancien secrétaire général de l'UNJA, "militant du FLN" jusqu'à la création de son propre parti, en 2012, le Front El-Moustaqbel. Vu de plus près, cinq candidats appartiennent directement ou de manière indirecte à la famille révolutionnaire. Et ou au FLN. Benflis, Rebaïne et Touati sont des fils de chahid et le premier est fils de moudjahida et Bouteflika est ancien moudjahid. Il a appartenu directement au FLN dont Ali Benflis était devenu secrétaire général alors que Moussa Touati et Abdelaziz Belaïd étaient à la tête de deux organisations de masse liées au FLN, l'Organisation des enfants de chouhada et l'UNJA. En définitive, c'est comme si ça se passait en famille si l'on excepte Louisa Hanoune qui a fait toutes ses classes dans l'opposition clandestine à l'époque de l'ORT qui sera transformé en Parti des travailleurs à l'ouverture politique. Cette élection du 17 avril ressemble bien à un remake des trois présidentielles précédentes avec un candidat Bouteflika partant gagnant au moins pour deux raisons : les moyens mis à sa disposition, matériels et médias, le fait qu'il ait fait consensus autour de lui. Les autres pourront jouer les rôles de figuration. Cela dans l'absolu. Car, faudra-t-il tenir compte de la volonté de Benflis et de ses certitudes pour croire en une élection ouverte. Pour autant, peut-on s'attendre à une surprise ? Probabilité à laquelle les candidats en lice y croient, considérant les indices défavorables infimes pour influer sur les résultats ou leur décision d'aller jusqu'au bout de la compétition. Le gagnant, sans conteste, même s'il n'est pas élu, sera Abdelaziz Belaïd, dont la participation peut être perçue comme une consécration de sa carrière politique qu'il commença avec le FLN en 1986. Plus jeune membre du comité central, le doctorant originaire de Batna est élu député en 1997 et fera deux mandats avant d'être propulsé à la tête de l'UNJA. Il est débarqué de l'organisation de la jeunesse et rentre en conflit avec le FLN qu'il quitte pour fonder son propre parti, le Front El-Moustaqbel, agréé en 2012. Les autres candidats sont connus. Benflis, le malheureux candidat de 2004 qui a payé son opposition frontale à Bouteflika dont il était chef de cabinet et chef de gouvernement et sous lequel il a pu accéder à la tête du FLN dont il a été débarqué de manière "peu conventionnelle". Faouzi Rebaïne garde sa position d'opposant même s'il reste peu présent et entouré sur la scène politique. Moussa Touati a mis l'habit de l'opposition, mais se distingue par ses distances vis-à-vis des partis d'opposition. Et enfin Louisa Hanoune, participative comme Rebaïne et Touati, qui surprend avec ses positions que d'aucuns voient ambigües tant elle défend les options Bouteflika et attaque ses exécutants. Elle s'inscrit, elle aussi, dans l'opposition, mais ne s'en est jamais rapprochée hormis l'intermède 1990 avec le FFS. L'élection du 17 avril est un événement de retrouvailles avec, en guest-star, Abdelaziz Belaïd. D B Nom Adresse email