L'avocat et militant des droits de l'homme, Mokrane Aït Larbi, est allé au-delà des résultats du vote de jeudi en proposant une feuille de route, basée sur une période de transition, chargée de préparer des élections présidentielle et législatives anticipées. Maître Mokrane Aït Larbi affirme détenir la réponse à la question que tous les acteurs politiques se posent depuis des mois, à savoir : «Après le 18 avril, que faut-il faire pour pousser au changement pacifique ?» Pour Me Aït Larbi, il faut juste quelques mesures autour desquelles, dit-il, il y a eu consensus au sein de la classe politique. «Nous constatons que des débats, qui ont marqué les quatre mois ayant précédé le scrutin, s'est dégagé un consensus autour de plusieurs points. La nécessité d'un changement avec des moyens pacifiques, l'élaboration d'une Constitution consensuelle garantissant l'indépendance de la justice, la limitation du mandat présidentiel à un seul, le renforcement des libertés fondamentales des droits de l'homme et de la citoyenneté, des pouvoirs du gouvernement et du Parlement, de la lutte contre la corruption sous toutes ses formes et enfin l'alternance au pouvoir par des élections propres et transparentes», dit-il dans une déclaration largement reprise hier sur les réseaux sociaux. Me Mokrane Aït Larbi propose également la révision du code électoral, ainsi que toutes les lois relatives aux partis politiques, aux associations et à l'audiovisuel, adoptées durant ces dernières années, mais aussi l'ouverture du champ aux jeunes pour accéder à tous les domaines et à toutes les institutions. L'avocat estime nécessaire de tenir l'Armée nationale populaire et les services en dehors du jeu politique et de les mettre au strict service du peuple, de la patrie et de l'Etat. Pour lui, il est impératif de construire un Etat démocratique en rejetant celui basé sur la religion. Et pour mettre en œuvre ces «dénominateurs communs», l'avocat juge important d'avoir «une démarche claire, adoptée par tous et d'ouvrir le dialogue entre les forces de changement pacifique d'où qu'elles viennent et sans exclusion aucune» et avec «la participation du pouvoir». La feuille de route qu'il défend repose sur quatre points essentiels : la mise en œuvre d'une structure autour de laquelle se réuniront les forces de changement pacifique pour s'entendre sur le programme de transition dans le cadre des institutions existantes, l'invitation du pouvoir pour discuter le programme de transition et la définition des étapes, la création d'un comité national composé des représentants des partis politiques, des associations, du pouvoir et des personnalités pour le travail consensuel. Me Aït Larbi souhaite que ce comité soit présidé par une personnalité qui jouit d'une grande probité, à l'image de Liamine Zeroual, qu'il souhaite voir assumer cette mission. Le dernier point évoqué est l'organisation anticipée des élections présidentielle et législatives dans un délai entre 12 et 18 mois, durant lequel de jeunes personnalités crédibles pourront entrer en force dans la course électorale. Dans ces conditions, «le peuple votera en toute liberté et en toute conscience et ainsi il pourra se réapproprier sa souveraineté de manière pacifique». L'avocat met en garde contre un éventuel refus du régime de répondre aux aspirations populaires. «Dans le cas où le pouvoir ne répond pas favorablement à la volonté du peuple pour la transition vers un système démocratique par des moyens pacifiques et conformément aux normes de l'Etat, il portera seul l'entière responsabilité de ce qui en découlera comme conséquence.» En fait, l'avocat rejoint dans une large mesure les propositions de sortie de crise déjà faites par de nombreuses personnalités et partis politiques durant la campagne électorale. Reste à savoir si cette feuille de route qu'il propose pourrait faire son chemin dans un environnement où les jeux sont déjà faits et où les changements, relèvent de l'utopie…