Les quatre journalistes sont arrivés en France hier. Ils ont été accueillis par le président de la République à Villacoublay. Edouard Elias, Didier François, Nicolas Henin et Pierre Torres étaient détenus en Syrie depuis plus de dix mois. Paris De notre correspondant Des conditions de détention exécrables, une libération inattendue. Didier François, 53 ans, grand reporter à Europe 1, Edouard Elias, 22 ans, photographe indépendant missionné par la radio avaient été portés disparus le 6 juin 2013. Selon l'Elysée, ils avaient été interceptés à un poste de contrôle alors qu'ils faisaient route vers Alep. L'enlèvement de Nicolas Hénin, reporter de 37 ans, et de Pierre Torres, photographe de 29 ans, avait été révélé le 9 octobre par leurs familles et le ministère des Affaires étrangères français, qui avaient gardé secret leur rapt, survenu le 22 juin à Raqqa. Les quatre journalistes étaient détenus par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe djihadiste créé en 2013, principalement composé d'étrangers. «Il y a des Français, des Belges, des Italiens, des Européens en général, qui sont partis faire le djihad», révèle Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Si l'on connaît les conditions très dures de leur détention, «ils sont restés dix mois complets dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres», leur libération demeure pour l'instant mystérieuse. Selon l'agence de presse turque Dogan, les otages ont été amenés à la frontière au poste d'Akçakale, en face de Tell Abiad, au nord de Raqqa, vendredi à la nuit tombée, par un groupe syrien inconnu, puis relâchés. Toujours selon Dogan, ils avaient les mains liées et les yeux bandés. Les soldats turcs ont d'abord cru avoir à faire à des contrebandiers avant de remarquer leurs yeux bandés. L'un des journalistes détenus a démenti cette version. «Nous avons traversé la frontière la tête découverte et les mains dans les poches, a précisé Nicolas Hénin à France 24, en affirmant qu'ils n'avaient pas les yeux bandés. François Hollande a voulu déminer très vite le terrain sur un possible paiement de rançon. «L'Etat ne paie pas de rançon. C'est un principe très important pour que les preneurs d'otages ne puissent pas être tentés d'en ravir d'autres. Tout a été fait par des négociations, des discussions. Je ne veux pas être plus précis car nous avons encore deux otages» au Sahel. Pour l'opposition, la France a payé d'une façon ou d'une autre. «Si ce n'est pas nous qui payons, ce sont d'autres qui payent à la place. Nos amis, soit Qataris soit des Emirats arabes unis, ont dû faire un geste. Est-ce que ce geste, c'est de l'argent, est-ce que ce geste, ce sont des armes ? Nous le saurons peut-être un jour, mais peut-être que nous ne le saurons jamais», relève Alain Marsaud, député UMP des Français de l'étranger. Selon Le Figaro, qui cite «une source proche du dossier», les services de renseignement français les ont «suivis à la trace» dès leur enlèvement. Pour le quotidien de Serge Dassault, la DGSE a agi en «étroite coordination» avec les services de renseignement britanniques, espagnols et américains, ainsi qu'avec la Turquie, «partenaire pour l'extraction des otages».