Souad Asla a animé, jeudi soir, à la salle Ibn Zeydoun à Alger, un sublime concert dans la pure tradition gnaouie. Ses fans étaient nombreux à se déplacer à l'Office Riad El Feth pour s'énivrer du beau répertoire musical de l'artiste algérienne. Il est important de préciser que ce concert a eu lieu grâce à l'aide d'amis et d'admirateurs de la chanteuse. Après une bonne demi-heure de retard, les musiciens au nombre de cinq investissent la scène avant que Souad Asla les rejoigne sous les stridents youyous et applaudissements. Habillée d'une belle robe blanc cassé — genre chaoui —, l'artiste donne le la à sa formation. Cette dernière est composée de Smaïl Benhouhou au clavier, Mohamed Menni aux percussions et au chant, Samy Chiboub à la percussion, Thérese Henry et Thierry Fourneil à la guitare. Dès les premières notes musicales, on devine la chanson mythique de paix Salamo. La voix prenante et chaude, Souad Asla se laisse aller comme à l'accoutumée à ses émotions et sa spontanéité. Avec toute la grâce et le charisme qu'on lui connaît, elle salue son public magistralement. «Salem alikoum. ça va Alger ? On s'excuse pour le retard, circulation oblige. J'ai un peu le trac ce soir, mais je compte sur vous cher public pour détendre l'atmosphère», lance-t-elle. Le public adhère à cette idée en se déhanchant et en tapant des mains. L'ambiance est plutôt spirituelle. Les répliques entre derbouka et guitare sont à l'honneur. Même la batterie se met de la partie. Des sons généreux et nerveux à la fois se succèdent et s'enchevêtrent. Souad Asla, prise dans cet ensorcellement de notes musicales, se lance dans une gestuelle des plus sensuelles. L'espace scénique n'a aucun secret pour cette ancienne comédienne des planches françaises. Elle enflamme la salle en entonnant la chanson Jabouna, une révolte contre les conditions de vie des esclaves soudanais d'où sont issus les Gnawas. Souad exhorte le public à taper des mains tout en l'invitant à investir la scène. Souad Asla enchaîne par la suite d'autres morceaux de son tout dernier album baptisé Jawal dont Marchandize dénonçant les abus de l'industrie de la musique. Moulana, Zawali, Ifriqia, Jawel, Moulana sont autant de titres ayant suscité bonheur et extase. Femme de scène, Souad Asla s'est même permis un bain de foule et de danse avec ses fans. Il est à noter que cette sublime soirée a été ponctuée d'une surprise de taille : une jeune danseuse de claquettes de nationalité algéro-australienne, Ruby, a offert une belle prestation, le tout sur un fond musical de l'un des morceaux de Souad Asla. Comme à chacun de ces concerts, Souad Asla a su cultiver une ambiance et transmettre une émotion à volonté. Gageons que les mélomanes la reverront sur scène très bientôt.