Souad Asla a transporté son public, venu nombreux l'applaudir jeudi soir à la salle Ibn Zeydoun, "aux portes du désert", dans un monde édulcoré. Un monde où les musiques du Sud-Ouest algérien dialoguent en totale harmonie avec des sonorités d'ailleurs, du monde. Musicienne dans l'âme, talentueuse interprète, avec un grand sens du rythme puisqu'elle ponctue ses tours de chants par de très belles danses, Souad Asla, par son charisme sincère, sa voix singulière et ses musiciens accomplis, a offert un très beau spectacle jeudi soir à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El-Feth). Auteur-compositeur et interprète, héritière de la tradition gnawa par Hasna El-Bécharia, "[sa] maman spirituelle", elle a fait revisiter les nombreux titres du premier album Jawal – disponible en Algérie aux éditions Belda Diffusion. Souad Asla a, notamment interprété Salamo et Jawal, ainsi que Jabouna. Dans ce dernier morceau, qu'elle a composé à Essaouira (au Maroc) et qui fait partie des premiers textes qu'elle a écrits pour ce disque, elle raconte le périple des Gnawa et leur déportation d'Afrique subsaharienne vers le Maghreb. Souad Asla reprendra également sur scène Wali, morceau dans lequel elle chante l'exil et le départ, ainsi que Marchandize, qui critique le monde du showbiz, qui considère les artistes comme une marchandise. Avec une musique rythmée et entraînante, la jeune femme, qui a commencé sa carrière en tant que choriste de la «rockeuse du désert», entonne "On devient une marchandise/ dans ce monde de showbiz/ On devient une marchandise/ dans ce monde de vices". Suivront ensuite Sahraouia , Zawali ou encore Ifriquia (Patera), un titre dans lequel elle raconte les rêves et les espoirs des harragas, des hommes, des femmes et des enfants qui embarquent pour l'inconnu à la recherche d'une vie meilleure. Le gnaoui (ou diwane, selon l'appellation algérienne) tient une part importante dans l'univers musical de Hasna Asla. Ainsi, l'artiste interprètera Baba Mimoun et Baniya, deux standards gnawa. Pour le final, elle chantera un des titres phares de son album, Aïcha, une reprise du répertoire diwane et gnaoui, revisitée à la guitare électrique, qui garde l'authenticité du morceau original mais qui lui donne plus d'épaisseur dans le rythme. Un morceau qui créera l'effervescence générale dans le public qui investira la piste de danse et même la scène pour partager ce moment qui a été d'une grande émotion. En outre, en plus de maîtriser l'art de la danse et de proposer de superbes prestations de danse, la chanteuse a invité Rubi (rebaptisée Aïcha par Souad et le public), une danseuse de claquette australienne d'origine algérienne, pour des prestations de claquette au cours de son spectacle, riche tant sur le plan musical que sur le plan visuel. Somme toute, la musique de Souad Asla s'inspire du gnaoui, mais on s'aperçoit également qu'il y a une «cohabitation» et une parfaite harmonie entre les musiques du sud-ouest algérien, comme el-melhoun, et le rock, le jazz ou encore le blues. Une musique qui oscille entre la recherche de la trace dans le patrimoine et l'errance, le nomadisme, le voyage. Une musique harmonieuse et métissée portée par une voix exceptionnelle et des textes où les questions liées aux origines mais également aux rencontres faites au cours du chemin sont reformulées profondément. S K Nom Adresse email