Le manque de moyens, la vétusté de la flottille et l'exiguïté des ports ont contraint de nombreux pêcheurs à changer d'activité. La production halieutique a connu une baisse notable ces dernières années dans la wilaya de Boumerdès. «Durant les trois premiers mois de l'année en cours, on n'a produit que 7600 tonnes de poisson, alors que, habituellement, on enregistre deux fois plus», affirme un responsable de la direction de la pêche. Cette chute de la production a entraîné la hausse des prix du poisson sur le marché, notamment ceux de la sardine bleue, cédée entre 300 et 450 DA le kg. Ce problème est dû, selon certains marins pêcheurs, au non respect de la période de repos biologique des produits de la mer, au manque de moyens dont disposent les marins pêcheurs et à l'exigüité des ports de la région. Les ports de Dellys et de Zemmouri El Bahri, par exemple, sont saturés alors que celui de Cap Djenet, qui fait l'objet de travaux, n'est pas encore mis en service à cause du problème d'ensablement. Ces infrastructures ne répondant nullement aux normes requises, les pêcheurs éprouvent ainsi d'énormes difficultés à accoster leurs embarcations, notamment au niveau des ports de Dellys où l'activité de la pêche se transmet encore de père en fils. Là, les quais sont très exigus, car n'ayant fait l'objet d'aucune opération d'extension. Ce problème, et tant d'autres encore, avaient poussé de nombreux marins pêcheurs à changer d'activité. En sus de cela, un pêcheur de Zemmouri rappelle qu'il est devenu très compliqué pour obtenir un permis de pêche auprès de l'administration. «L'administration met parfois plusieurs jours nous délivrer l'autorisation de pêcher», dénonce-t-il. A cet obstacle bureaucratique s'ajoute la vétusté de la flottille qui peine à être modernisée comme annoncé par les responsables du secteur dans l'objectif d'améliorer le rendement des pêcheurs et leurs conditions de travail. Notre interlocuteur se plaint aussi des contraintes liées au phénomène de l'ensablement des ports, à l'exemple de celui de Cap Djenet qui dure depuis plus de cinq ans. Un autre pêcheur ne cache pas sa colère devant la pollution marine provoquée par les rejets des eaux usées vers la mer. Selon lui, des espèces marines ont quitté les eaux territoriales en raison de ce problème qui se pose avec acuité à l'est de Boumerdès et plus particulièrement au niveau des endroits jouxtant les sites de chalets. Pour réduire les prix du poisson et les rendre accessibles pour les ménages, les responsables du secteur ont songé à la réalisation de firmes aquacoles sur le littoral. Cependant, la wilaya ne compte qu'une seule firme (celle de Cap Djenet) qui est entrée en production depuis cinq ans.A rappeler que même les projets prévus à la zone d'activités extra-portuaire, s'étendant sur une surface de 20 HA à Zemmouri El Bahri, ne sont pas encore lancés.