Des candidats malékites appréhendent de passer le bac dans des quartiers mozabites.Ils organisent, depuis deux jours, un sit-in devant la direction de l'éducation. Inquiets pour leur sécurité et la sérénité exigée dans cette épreuve capitale, ils demandent le changement du lieu d'examen. Une quarantaine de candidats et candidates au bac battent le pavé, depuis le début de la semaine, devant le siège de la direction de l'éducation et devant celui de la wilaya de Ghardaïa, demandant une oreille attentive à leurs inquiétudes, au demeurant légitimes, pour concourir dans les meilleures conditions possibles.Mercredi, dans une lettre transmise respectivement au wali de Ghardaïa, à la direction de l'éducation, ainsi qu'aux élus de l'Assemblée populaire de wilaya, ces élèves ont menacé les autorités de boycotter les épreuves du bac et d'entamer une grève de la faim aux portes de la wilaya. Une représentante du groupe a déclaré : «Il est pratiquement impossible de passer les épreuves si les responsables persistent à maintenir le lieu d'examen du groupe au lycée Imam Aflah, à la cité El Korti et au technicum Ramdane Hamoud de Belghenem.» Ces candidats appréhendent, en effet, l'atteinte à leur intégrité physique, vu que les deux centres d'examen précités se situent dans des quartiers mozabites. Pour nos interlocuteurs, il est «impossible de se concentrer sur l'examen dans les conditions que tout le monde connaît». Une candidate révèle que son père a failli lui interdire de passer le bac, «maintenant qu'on m'a orientée vers ce quartier, même ma mère m'a expressément interdit d'y aller. Je vous en prie, aidez-nous à passer nos examens en sécurité et rassurez nos parents». Hamza, porte-parole du groupe, affirme que le directeur de l'éducation, Azzedine Djillani, a déclaré que les convocations ne sont pas de son ressort, mais de celui de l'ONEC tout en s'engageant à exposer le problème à la tutelle lors de son déplacement au ministère. Les candidats attendent le retour de ce responsable étant donné que les responsables de l'ONEC de Ghardaïa ne veulent pas se montrer plus souples. Pour les parents, «l'ONEC est aphone et refuse de comprendre nos inquiétudes, sinon comment expliquer la réponse évasive qui nous a été donnée ?». Le hic est que «les demandes de réorientation seraient arrivées en retard, alors que les candidats de Ghardaïa viennent tout juste de recevoir leur convocation». Même topo à la wilaya, où le chef de cabinet a reçu un binôme auquel il aurait affirmé qu'«il ne pouvait rien faire pour le changement du lieu d'examen et que sa responsabilité se limitait à assurer la sécurité des candidats lors des examens». Les candidats ont donc décidé de maintenir leur sit-in devant la direction de l'éducation, malgré la promesse de régler «concrètement» leur problème faite par le secrétaire général de l'académie, assurant l'intérim de la direction de l'éducation. Le père d'une candidate pense, quant à lui, qu'il serait si simple de ventiler une quarantaine de candidats sur d'autres établissements pour avoir les mêmes chances que les autres. Il lui semble impensable qu'aucune mesure exceptionnelle ne soit envisagée «pour aider ces jeunes qui ont beaucoup souffert cette année, non seulement des grèves récurrentes et cycliques, mais surtout des événements qui ont secoué toute la région. Ils méritent qu'on leur prête une oreille attentive». Enfin, «nul n'a le droit de jouer avec l'avenir de nos enfants», lâche avec amertume une mère travaillant dans une administration au siège de la wilaya.