L'artiste hip hop britannique, Akala, sera à Alger fin mai 2014. Il sera le grand invité du 15e Festival culturel européen d'Alger qui se déroule du 9 au 31 mai 2014. Akala est célèbre par des chansons construites à partir de textes contestataires comme Fire in the booth (Feu dans la cabine), Find no ennemy (Pas d'ennemi retrouvé) et Malcom said it (Malcolm l'a dit), Where i'm from (D'où suis-je), Lose myself (Me suis perdu), Comedy tragedy history, Absolute power (Pouvoir absolu)... Dans Find no ennemy, il s'attaque d'une manière féroce au racisme et à la haine de l'autre au Royaume-Uni. Dans le clip, on peut lire sur le mur : «No blacks, no dogs, no irish» (Pas de noirs, pas de chiens, pas d'irlandais). «Ce pays est inconfortable pour les jeunes noirs intelligents», a déclaré dernièrement Akala au quotidien britannique The Guardian. Il a exprimé son amertume après avoir lu un article du Daily Mail (presse jaune) sur sa sœur aînée MsDynamite, chanteuse de R'n'B et de hip hop. «Après tout, elle n'est pas réellement black. Elle est un peu intelligente et a eu une mère blanche», a osé écrire ce journal dévoilant un racisme latent. Natifs de Londres, Akala, Kingslee James Daley, et MsDynamite, Naomi Mclean Daley, sont de père jamaïcain et de mère écossaise. Akala a produit son premier single à 20 ans, Welcome to England en 2003. L'artiste s'inspire du poète et rappeur américain Saul Williams dans ses compositions engagées politiquement. Saul Williams, connu mondialement grâce au film Slam (sorti en 1998, Caméra d'or au Festival de Cannes), a publié des articles dans The New York Times et anime des conférences dans les universités. Saul Williams est connu par des albums tels que The inevitable rise and liberation of Niggy Tardust (2007) ou Volcanic sunlight (2011). Le romancier et musicien américain Gil Scott Heron est souvent cité en exemple par Akala. Artiste contestataire dans les années 1970, Gil Scott Heron s'est rendu célèbre grâce à des opus comme It's your world (C'est votre monde) et Winter in America, summer in Europe (Hiver en Amérique, été en Europe) ainsi que la chanson The revolution will not be televised (La révolution ne sera pas télévisée). Gil Scott Heron, qui est de père jamaïcain comme Akala, est considéré par les spécialistes comme l'un des précurseurs du mouvement rap aux Etats-Unis en raison de l'utilisation de la technique du parler dans les chansons, forme presque révolutionnaire dans les années 1960, les années rock par excellence. Akala, qui est sorti du hip hop underground londonien, adore William Shakespeare, au point de créer une société de production de pièces de théâtre musical, The hip hop Shakespeare company (THSC). Le maître du théâtre élisabéthain (avec John Fletcher, bien entendu) est pour le jeune chanteur un modèle à suivre dans le travail et les idées défendues. Akala a, par exemple, «refait» en forme rap la pièce Othello de Shakespeare lors du Thames Festival. Intelligent comme le Roi Arthur ! Akala se dit aussi intelligent que le roi Arthur, un roi guerrier qui aurait sauvé les îles britanniques de l'invasion saxonne au début du VIe siècle. Pourtant, le roi Arthur, célébré par la poésie galloise des anciens temps, divise les historiens du Moyen-âge. Il aurait été un grand chef de guerre, mais sa personnalité et son identité demeurent ambiguës. Salué par les chroniqueurs musicaux britanniques pour son immense culture, Akala est un grand lecteur de l'Histoire. «Il peut vous parler des explorateurs du XVIe siècle, des universités du XIIIe siècle, de Tombouctou, des généraux de Napoléon et de la description de l'Afrique, l'ouvrage de Olfert Dapper», souligne Kate Mossman dans The Observer. Akala anime des débats à l'université, écrit des scripts et présente des émissions sur Channel 4, Sky Arts, BBC et MTV. Son album Knowledge is power (Le savoir c'est le pouvoir) résume quelque peu son combat contre la ségrégation à l'école, pour l'éducation pour tous, pour la vulgarisation de la culture. «Le pouvoir absolu corrompt absolument», chante-t-il dans Absolute power dans laquelle il dénonce l'injustice sociale. Dans A game named life (Un jeu nommé la vie), le rappeur s'attaque à l'hypocrisie sociale. Akala a décroché le prestigieux prix Mobo pour le meilleur album hip hop, It's not a rumour (Ce n'est pas une rumeur). Akala anime des ateliers de formation pour les jeunes pour la London Metropolitan Archives, la BBC et le London film festival. Il est souvent sollicité par les clubs de jeunes en raison de sa méthode mêlant musique, arts visuels et instruction. A partir du hip hop, Akala initie les jeunes à des sujets liés à l'Afrique, aux droits de l'homme, à l'histoire de l'esclavage et au racisme. En avril 2013, il a fait une performance artistique avec Tokio Aoyama à la galerie Tate Modern autour de son tube Lose myself. «Me suis perdu, me suis retrouvé en vous. Parfois, je ne me sens pas suffisant, voulez vous me compléter ?», chante-t-il avec philosophie et ironie dans Lose myself. Pour ses albums, il a invité des artistes tels que Niara et Josh Osho à chanter à ses côtés. Comme il a collaboré avec le comédien Sir Ian McKellen (Le seigneur des anneaux, X-Men, etc), l'acteur Colin Salmon (Braquage à l'anglaise ; «Allien Vs Predator ; Meurs un autre jour…) et le jeune auteur compositeur Ed Sheeran dont les singles The A Team, Lego house et You need me, i don't need you sont restés pendant longtemps dans le top 10 britannique. Comme Akala, Ed Sheeran est un véritable phénomène musical en Grande-Bretagne. Le samedi 24 mai, Akala animera un atelier avec une douzaine de jeunes artistes algériens de hip hop au niveau de l'Auditorium de la radio à Alger. Il sera en concert le 25 mai à la salle Ibn Khaldoun à partir de 19h. A ne pas rater.