Tout ne semble pas fonctionner dans la sérénité requise dans le secteur de la santé, qui se trouve, depuis quelque temps, traversé par des turbulences qui ne sont pas faites pour améliorer les prestations sanitaires d'un secteur qui n'en finit pas d'accuser un déficit en matière de spécialistes et de couverture sanitaire. Cette situation de turbulence est apparue au lendemain des décisions de la DSP de fermeture de la clinique Wafa de Bou Saâda et de sanction (blâme) pour la clinique El Kalaâ de M'sila. « La pratique médico-chirurgicale dans certaines cliniques fait l'objet depuis quelque temps de harcèlement de la part de la DSP », nous dira A. Hadibi, gérant de la clinique Wafa de Bou Saâda, au lendemain de la décision fatidique de fermeture pour trois mois pour avoir exercé une activité non autorisée. Et d'ajouter : « Que ce harcèlement s'en trouve être vérifié par la série de visites d'inspection depuis mars dernier, pratiquement tous les 15 jours. » « Quand bien même, a-t-il soutenu, les doléances des inspecteurs auraient été satisfaites, celles qui avaient trait à la conformité de la structure, le recrutement à plein temps du personnel médical, paramédical et de service, n'appartenant pas au secteur public. » « Concernant l'activité obstétricale, a-t-il indiqué, les accouchements ont été suspendus sur ordre verbal du DSP, sauf pour les accouchements dystociques qu'on a continué à faire, eu égard à leur caractère urgent. » Et d'ajouter que « les secteurs sanitaires de Bou Saâda et de Aïn Melh sont dépourvus de gynécologues et les cas d'extrême urgence (césariennes) ont été proposés par le seul gynécologue activant au niveau de la région de Bou Saâda. Ce sont des cas qui ne sont pas pris en charge par les hôpitaux et constituent des cas d'évacuation vers d'autres lieux ». « Ai-je le droit de refuser ces urgences, lorsque je sais que c'est un manquement à mon devoir humanitaire et mon devoir envers la loi », s'est-il interrogé avec une profonde consternation. « pour le DSP de la wilaya de M'sila, la fermeture de la clinique Wafa de Bou Saâda est l'aboutissement d'une série d'inspections auxquelles le gérant ne s'est pas conformé. Inspections de la DSP du 15 avril dernier, suivie de celle de l'inspecteur-médecin en date du 13 mai dernier et de l'inspecteur général du ministère de la Santé en date du 30 mai dernier, lesquelles avaient confirmé le fait que la clinique exerce des activités non autorisées, notamment celles liées à la chirurgie infantile, l'orthopédie, l'urologie et la gynécologie-obstétrique », a-t-il soutenu. « Alors que cette clinique n'est autorisée que pour la chirurgie générale ». Outre cela, « l'inspection effectuée par la DSP, le 29 avril dernier, dans cette clinique a permis la découverte d'un spécialiste en urologie, affecté dans le cadre du service civil au secteur sanitaire de Sidi Aïssa qui travaillait en même temps au niveau de la clinique Wafa de Bou Saâda ». Fermeture justifiée Ajoutant, par ailleurs, que la confirmation de la fermeture de la clinique a été signifiée par lettre n° 233 du 21 juin dernier au gérant de la clinique Wafa par l'inspection générale du ministère de la Santé, dans laquelle il est mentionné : « La fermeture de la clinique pour 3 mois est une mesure réglementaire prise pour inspection et contrôle effectués par l'administration centrale en date du 30 mai dernier. La réalisation d'un service de gynécologie obstétrique dans votre structure n'a pas fait l'objet d'une autorisation du ministère de la Santé. S'agissant du harcèlement dont s'est plaint le gérant de la clinique Wafa de Bou Saâda, la DSP dira que si ce gérant ignore le contenu de la décision portant ouverture de la clinique où il est mentionné sans ambages dans l'un de ses articles que ‘‘la clinique se soumet à tout moment aux contrôles et aux inspections techniques et sanitaires conformément à la réglementation en vigueur''. « Si c'est cela le harcèlement, dira-t-il, il est libre de le penser. » « La clinique El Kalaâ de M'sila n'est pas en reste en termes de harcèlement et de la pratique d'une politique de deux poids, deux mesures de la DSP vis-à-vis des cliniques exerçant au niveau de cette wilaya », nous dira d'emblée le directeur de cette clinique, au lendemain de la notification de la santé pour l'exercice d'une activité non autorisée sanction (blâme) notifiée au lendemain du passage de l'inspecteur général du ministère de la Santé le 30 mai dernier au niveau de la clinique El Kalaâ, où il a été constaté l'exercice de deux activités non autorisées, à savoir la gynécologie-obstétrique et la chirurgie neurologique. Explicitant cette situation, le directeur de cette clinique dira : « C'est la DSP qui en est la cause, par le fait que la demande sollicitant l'extension de l'activité médico-chirurgicale pour l'introduction de nouvelles spécialités dans l'activité de la clinique (chirurgie ophtalmologique, neurologique et de gynécologie-obstétrique), transmise à la DSP de M'sila le 1er janvier dernier est restée 5 mois sans réponse. Ce black-out est à l'origine de notre sanction quand bien on se trouve face à une situation cornélienne », a soutenu le directeur de cette clinique. Et de s'interroger conséquemment à cela : « Comment peut-on refuser des cas d'urgence d'accouchement en situation de prérupture, quand le médecin spécialiste est sur place. » Certains intervenants n'ont pas manqué de mettre l'accent sur la complaisance de la DSP dans l'application de la réglementation par le fait que certaines cliniques, exerçant dans cette wilaya, ne sont nullement inquiétées par la DSP, qui se permettent d'employer paramédicaux et médecins exerçant dans le secteur public. Certains diront que la clinique Hodna ne dispose même pas de réanimateur permanent et préfère louer les services d'un médecin réanimateur exerçant à titre privé à Bordj Bou Arréridj. « Plus grave, disent-ils, au moment où on interdit les accouchements dans des cliniques pourvues de médecins spécialistes, la DSP ne souffle mot sur les activités des maisons d'accouchement où des sages-femmes s'adonnent à cette pratique en toute impunité, notamment à M'sila et même certains spécialistes en gynécologie procèdent à des accouchements dans leur cabinet sans pour autant qu'ils soient dotés de moyens adéquats, pratiques qui ont coûté la vie à plusieurs personnes. » Pour la DSP « cette levée de boucliers des cliniques ne peut voiler sur la réalité de leur activité qui se trouve en porte-à-faux avec la réglementation, faisant fi à toutes nos mises en demeure ». Activité non conforme à la réglementation « La clinique d'El Kalaâ, dira la DSP, a été autorisée pour la réalisation d'un service de gynécologie-obstétrique de 11 lits, mais n'a pas le droit d'exercer cette activité, tant que la clinique n'a pas procédé au recrutement d'un médecin spécialiste permanent. » Et d'ajouter que « la demande d'extension d'activité n'était pas conforme, par le fait que les signataires n'ont pas été identifiés et la demande n'est motivée par aucun argument ». « Quant à la sanction, a-t-il indiqué, 5 mois avant la venue de l'inspection générale du ministère de la Santé, il a été notifié par lettre du 3 janvier dernier à la clinique de s'en tenir à exercer l'activité autorisée, car il a été constaté que vous exercez l'activité gynécologie-obstétrique et qu'il vous incombe de prendre vos responsabilités conséquemment à l'exercice de cette activité pour laquelle vous n'êtes pas autorisés. » « Quant à la clinique Hodna, a-t-il déclaré, celle-ci a été sommée de cesser toute activité de chirurgie par le fait qu'elle n'a pas procédé au recrutement d'un médecin réanimateur en remplacement de Adrar Mohamed, démissionnaire de la 10 mai dernier. « La notification de la cessation de toutes les activités de chirurgie a été faite à la clinique Hodna, le 21 juin dernier, a-t-il soutenu. Cette situation conflictuelle, qui semble se corser entre les cliniques et la DSP, n'est le fait de la volonté de la DSP à faire appliquer la réglementation et la prédisposition des cliniques à prendre en charge des cas d'urgence dans une région en mal de spécialistes, notamment en matière de gynécologie-obstétrique, qu'elles ne peuvent d'ailleurs refuser, quitte à enfreindre les dispositions réglementaires régissant les cliniques médico-chirurgicales. C'est un véritable dilemme auquel les autorités doivent se résoudre : soit autoriser les cliniques à exercer l'activité de gynécologie-obstétrique en bonne et due forme, soit de pourvoir le secteur sanitaire de la wilaya de spécialistes en la matière.