La dégradation du secteur préoccupe même la plus haute hiérarchie du pays. La santé est malade en Algérie. Constat: un déficit flagrant. Ce secteur souffre de plusieurs insuffisances. Cette question a été soulevée au niveau de la plus haute hiérarchie du pays. Le dossier a été décortiqué dimanche dernier par le président de la République, lors du Conseil des ministres. En abordant, l'aspect lié au diagnostic, le Conseil a fait ressortir plusieurs signes alarmants. Il s'agit en premier lieu, de l'augmentation des maladies chroniques non transmissibles. En effet, l'hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer et les maladies respiratoires chroniques constituent un véritable danger pour la santé publique. Concernant le diabète, l'hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. Un bon nombre d'associations ne cessent d'alerter les responsables du secteur sur l'ampleur de ces maladies, qui touchent même les personnes âgées de moins de 40 ans. L'Algérie a recensé, en 2007, plus de 15 millions de malades chroniques. Les hypertendus sont au nombre de sept millions, soit plus de 35% de la population. L'autre maillon faible de la santé est, incontestablement, le manque flagrant de prise en charge des malades. Le Conseil des ministres a fait observer qu'en matière de couverture sanitaire, les équipements et les infrastructures sont classés très vétustes. Il y a lieu d'ajouter une insuffisance en lits et en personnels de santé et une organisation de la carte sanitaire en inadéquation avec les besoins. Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a avoué que l'Algérie accuse un retard de 20 ans comparativement aux pays développés. «Les normes internationales sont, aujourd'hui, de 1,94 lit pour une population de 1000 personnes. En Algérie, on assure 3,4 lits pour le même nombre» a t-il précisé, lors d'un point de presse organisé à l'ex-siège du CIP il y quelques semaines. Idem pour les médecins. L'Algérie assure un médecin généraliste pour 1708 personnes. Ce qui est loin, très loin même, des normes internationales. Lors de ce même Conseil, il a été signalé que les régions du Sud et des Hauts-Plateaux souffrent d'un déficit en médecins spécialistes. Le même diagnostic révèle un mécontentement total des Algériens envers les services assurés dans les différents établissements de l'Etat. Le Conseil des ministres a noté, en matière de qualité des prestations et du fonctionnement des services, une insatisfaction des usagers résultant, notamment d'un accueil déficient des malades et d'un fonctionnement insuffisant des services. Dans le domaine du médicament et quoique en progression constante, il est relevé la faible part des produits génériques sur le marché national et une faible couverture du marché par la production nationale. Intervenant à la suite de ce diagnostic, le président de la République a souligné que la collectivité nationale est en droit d'exiger une meilleure prise en charge de ses besoins, en prévention et en soins, et un meilleur fonctionnement des services publics de santé. Le chef de l'Etat insiste que des efforts importants sont nécessaires pour parvenir au niveau de prestation voulue. Pour le président Bouteflika, il est, désormais, de la responsabilité des praticiens et des personnels de la santé de s'atteler à réduire les déficits constatés et à relever le défi de la qualité de la prévention et des soins de manière à l'élever au niveau des standards internationaux. Par ailleurs, lors de la présentation de ce dossier, il a été relevé la disparition de certaines maladies transmissibles et une nette tendance à l'extinction de beaucoup d'autres. A titre illustratif, une forte baisse de la tuberculose a été observée. Même si elle constitue toujours une préoccupation en Algérie, cette pathologie est en baisse sensible, fait-on observer lors de ce conseil. Elle se situe à un taux de 0,73%, selon les statistique de 2007, alors que le taux d'alerte est fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 3%. Enfin, une réforme profonde du système de la santé est sine qua non pour tenter de rapprocher la santé du citoyen. Il est temps de réhabiliter la prévention et les soins de base.