Les participants plaident pour une formation professionnalisante. L'universitaire doit traiter des sujets de recherches qui ont un réel impact économique. Si l'interaction université-secteur économique reste encore bien en deçà des objectifs escomptés en termes de valorisation des travaux de la recherche universitaire, le dernier Forum université-entreprises, organisé par l'université Blida1, sous le slogan «Innovons et formons utile», a été perçu comme une véritable opportunité en termes de rapprochement des deux pôles sus-cités. En effet, et au vu du poids politique donné à cet événement, il s'agit-là d'une première à l'échelle nationale selon les organisateurs du forum. En plus de communicants nationaux et étrangers, quelque 130 stands représentant des centres et laboratoires de recherches, d'entreprises publiques et privées, de grosses cylindrées étaient présentes durant les trois jours du déroulement de cette rencontre. L'université Blida1 a signé à l'occasion de ce rendez-vous trois conventions-cadre avec la compagnie Tassili Airlines, le groupe Saidal et l'Office national de météorologie. Pour Mustapha Lounès, coordinateur du développement du partenariat, université Laval (Canada), présent à l'événement, il ne s'agit pas seulement de consolider la passerelle entre les deux pôles, à savoir l'université et l'entreprise, mais aussi joindre le troisième pôle, représenté par les organismes gouvernementaux, car sans le contexte politique rien ne pourra se faire. «Cette synergie entre les trois entités fonctionnera en toute symbiose si la recherche universitaire est amenée à évoluer dans un cadre de développement durable en satisfaisant les besoins concrets de la société, sinon celle-ci ne franchira jamais les murs des laboratoires. 28 pays européens viennent de décider qu'aucun sou ne sera donné à un projet de recherche n'intégrant pas dans ses perspectives l'entreprise économique», a-t-il expliqué. Pour le premier responsable de l'université Blida1, Mohamed Tahar Abadlia, il est temps que l'université algérienne s'oriente plus vers les formations professionnalisantes. «Il faut que le secteur économique participe à hauteur de 20 à 30% dans la formation universitaire. L'université, pour sa part, doit être plus ouverte sur le monde socio-économique en scrutant le terrain à la recherche de problématiques réelles pour les résoudre. Le chercheur ne doit pas se confiner dans des recherches de haute voltige, sans aucun impact économique palpable et décelable en adéquation avec les besoins nationaux et régionaux. Je suis convaincu que la région de la Mitidja recèle d'importantes potentialités qui nous ont motivés à aller vers la création d'un consortium autour de la filière agroalimentaire, une filière constituant la vocation de la région. Ce consortium est en cours de lancement, alors que celui de l'aéronautique et du transport aérien est déjà installé. Au total, ce sera six consortiums que nous allons mettre en place progressivement», a-t-il déclaré. Institut en meunerie comme projet Dans la même visée, le département de l'agroalimentaire de l'université Blida1 planche sur un projet de création d'une spécialité en meunerie en collaboration avec le groupe SIM, l'un des leaders de l'agroalimentaire. «Nous visons plus loin, c'est-à-dire la création carrément d'un institut en meunerie, d'autant que notre partenaire SIM s'intéresse à la remise en marche des unités pilotes qui existaient au niveau de l'ex-Centre de recherche en industrie de l'agroalimentaire actuellement à l'arrêt. Cela dit, les recherches restent à l'état des brevets, sans aucune valorisation à l'échelle industrielle», explique Megateli Smaïn, chef du département agroalimentaire. A propos de l'interaction entreprise-université, certains chercheurs préfèrent plutôt parler du secteur économique au sens large du terme que du secteur industriel, disant que l'industrie au sens stratégique du terme est quasi inexistante en Algérie. «L'acteur économique ne fait pas encore confiance à l'intelligentsia du pays. La valorisation des résultats de la recherche reste encore au stade fœtal», souligne Hassein Bey, enseignant chercheur à l'université Blida1.