Ouargla connaît depuis deux semaines ses premiers délestages d'énergie électrique. Des coupures qui sont perçues comme les prémisses d'un été de souffrance vu qu'elles commencent relativement tôt pour la saison. Elles donnent en fait un avant-goût de ce qui caractérisera ce nouvel été qui ne fait que commencer dans le sud du pays.Alors, le délestage sera-il au menu de l'été 2014 ? Sonelgaz brandit son plan d'urgence et argue d'investissements colossaux tant sur ses propres fonds que sur le budget de la wilaya de Ouargla qui participe à la multiplication des transformateurs et autres améliorations susceptibles d'éviter la colère du peuple. Les coupures intempestives de l'électricité sont évidemment le problème numéro 1 des habitants de cette partie de l'Algérie qui, en plus de la canicule qui s'installe alors que le reste du territoire en est encore au chapitre du printemps et du beau temps avec un été qui commence en douceur et progressivement, continue de rêver d'eau dans les robinets et de climatiseur qui fonctionne. -L'électricité, c'est la vie Même si Sonelgaz tente de rassurer les citoyens leur promettant un été paisible et sans coupures, l'expérience leur a enseigné de ne plus y croire. Les citoyens reconnaissent dans ce sens que sans électricité tout est suspendu et les pics de chaleur leur donnent toujours raison. De plus, dans une ville où il n'y a pas vraiment pas où aller, où se rafraîchir quand les petites cellules en béton deviennent de vrais pièges à rats, le scénario estival reste immuable et se répète depuis des décennies. Les coupures gâchent tout, certains préfèrent plier bagage et quitter les lieux, les autres pour une raison ou une autre sont obligés de rester et de subir et la chaleur d'été et les déboires de Sonelgaz. -Gros investissements, mais… D'autre part, il faut reconnaître que Sonelgaz n'a pas lésiné sur les moyens. Chaque année de gros investissement sont débloqués (120 000 000 MDA, plan d'urgence 2013) pour venir à bout du problème et assurer un service de qualité. Dans une déclaration à El Watan l'année passée, le premier responsable de la société a affirmé que «le plan d'urgence 2013 a pour objectif d'améliorer la qualité de service et empêcher les coupures qui ont diminué par rapport aux années précédentes étant donné la mise en service de nouveaux équipements et la mobilisation permanente des équipes techniques de maintenance.» Les engagements de Abdelmadjid Absi n'ont pas résisté à plus de 55 degrés, les prestations restent en deçà des espérances. -Urbanisme VS vandalisme Sonelgaz reconnaît faire face à un problème qui freine certains projets. Elle enregistre de nombreux dégâts et attaques de tiers chaque année. Dans les quartiers reculés de la ville, où les constructions illicites poussent à perte de vue, les agressions sur le réseau électrique sont légion, ce qui constitue un handicap majeur pour l'avancement des travaux de l'entreprise. M. Absi avait alors déclaré : «L'absence flagrante d'un plan d'aménagement urbain dans diverses localités nous pénalise en premier lieu.» Les actes de vandalisme constituent donc un obstacle qui fait reculer les efforts consentis. Des citoyens malintionnés, des entrepreneurs manquant de professionnalisme prennent pour cible les équipements de Sonelgaz, et ce, pour diverses raisons. Ces comportements déplorables reflètent le manque de civisme de certains. Des comportements à bannir et que la société civile doit combattre. -Deux poids, deux mesures Or, ce qui fait le plus mal selon les citoyens, c'est la politique de deux poids, deux mesures, consistant à opérer des délestages au niveau national où le Sud est toujours défavorisé. Cette étendue désertique qui constitue 80% du territoire national continue de payer sa spécificité climatique en l'absence d'une politique réfléchie favorisant une gestion rationnelle de sa réalité géographique, climatique et culturelle. Les horaires pratiqués n'arrangent en rien l'appel de charge qui fait la hantise de Sonelgaz, d'autant plus que c'est l'administration et l'industrie qui consomment le plus d'énergie en été aux heures de pointe. Le plan national de délestage pénalise les villes du Sud et sur le plan local, l'action de favoriser certains quartiers en opérant des délestages jugés inéquitables par la population pousse les gens à devenir violents. Les années précédentes ont enregistré de grandes manifestations de colère tant à Sokra qu'à Saïd Otba et Aïn Beida, pour ne citer que ces localités. Même topo pour Touggourt et Hassi Messaoud, alors que d'autres villes du Sud ont ouvertement mis en garde la société nationale détentrice du monopole sur l'énergie électrique contre toute défaillance à l'avenir. La question que tout le mode se pose est : pourquoi l'été n'est jamais préparé à l'avance et pourquoi Sonelgaz n'investit pas dans des équipements résistant aux pics de chaleur ? En attendant, l'été s'annonce chaud, les gens se préparent à vivre l'enfer, exacerbé par des coupures à toute heure. A Sonelgaz de prouver le contraire.