Le projet de Cevital de trituration de graines oléagineuses dort depuis dix années dans les tiroirs du gouvernement. Issad Rebrab, patron de Cevital, une entreprise qui fait l'essentiel du chiffre d'affaires du Forum des chefs d'entreprises (FCE), est définitivement en désaccord avec cette organisation patronale. Et pour cause, certains des patrons du FCE jouent aux mauvais espions auprès des autorités. «Il était vraiment triste de découvrir que certains confrères intoxiquent certains décideurs en leur rapportant des propos déformés. Des confrères qui sont très proches de certains décideurs. Et certains de ces confrères sont membres justement du Forum des chefs d'entreprises que j'ai finalement décidé de quitter», révèle Issad Rebrab sur un ton amer, interviewé hier par le site d'informations TSA. Le patron de Cevital a déploré, par la même occasion, ces comportements pour le moins frauduleux et honteux, auxquels s'adonnent des patrons du FCE à son encontre. L'intox à laquelle se livrent les mauvaises langues du FCE est à l'origine du blocage dont sont sujets ses projets. Face à de telles révélations, le FCE serait incapable désormais de cacher la poussière sous le tapis quant à ses connivences avec le pouvoir. Le soutien apporté par l'organisation au quatrième mandat de Bouteflika en dit déjà trop. Issad Rebrab dit avoir mené une enquête pour débusquer ces patrons qui faisaient le coup du père François. «J'ai décidé de ne plus renouveler mon adhésion au FCE car je ne pouvais pas m'asseoir à la même table que ces gens-là. Des gens que j'ai aidés. C'est ce qui m'a fait très mal.» La déchirure fait pleurer un colosse. Le patron de Cevital, qui s'appliquait pourtant, contre vents et marées, à créer des emplois et des richesses dans une économie totalement anesthésiée par le clientélisme, subit les pires persécutions dans son propre pays. Bloqué en Algérie, le patron de Cevital bénéficie de toutes les bénédictions des dirigeants africains et européens, notamment français et espagnols. Cevital vient de rallier les fleurons, mais non des moindres, des industries française et espagnole, à l'image d'Oxxo et de FagorBrandt. En Algérie, les projets de Cevital font face à d'énormes écueils. Son projet de trituration de graines oléagineuses dort depuis dix années dans les tiroirs du gouvernement. Tout comme son projet de pétrochimie «qui pourrait à lui seul créer près de 3000 PME-PMI et engendrer de 600 000 à 900 000 emplois», explique Issad Rebrab dans son interview accordée à TSA. Le même sort a été réservé à son troisième projet dans le domaine de la sidérurgie. Les Qataris ont été privilégiés à Bellara (Jijel), alors que le complexe d'ArcelorMittal (Annaba) des Indiens s'est vu renfloué ses caisses par l'argent des banques nationnales sans que l'on associe un seul industriel algérien. Les révélations d'Issad Rebrab ont fini par lever le voile sur certains motifs de ce blocage. Des patrons du FCE tirent les marrons du feu en le discréditant auprès des autorités du pays. «Je ne peux rester et m'asseoir avec de tels confrères : au lieu d'essayer de travailler à promouvoir l'économie nationale, ils tentent d'avoir des faveurs en enfonçant leurs confrères», conclut le patron de Cevital, visiblement déçu.