Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a écarté, hier, l'échec des discussions à l'OMC, malgré la crise qui a caractérisé les négociations ministérielles qui ont eu lieu durant les trois derniers jours à Genève. M. Lamy a reconnu devant la presse que « les discussions de Genève entre les 149 pays n'avaient pas engendré de progrès dans le cycle des négociations sur la libéralisation du commerce », mais a, toutefois, estimé qu' « il y a une crise, mais pas encore de panique ». Selon une déclaration rapportée par l'agence APS, le directeur général de l'OMC pense que « les divergences et les écarts entre les positions ne sont pas insurmontables ». Ce dernier a annoncé que les pays membres lui ont confié la mission de rapprocher les points de vues entre les principaux acteurs de la négociation (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, Union européenne) comme première étape, puis entre l'ensemble des participants comme seconde étape. « Je vais cogner les têtes les unes contre les autres », a-t-il promis, rapporte la même source. M. Lamy a refusé de divulguer s'il convoquerait à nouveau les ministres du Commerce des pays membres à Genève à la fin du mois et s'il comptait se rendre au sommet des sept pays les plus riches et la Russie (G8) à la mi-juillet à Saint-Pétersbourg. Il a assuré, par ailleurs, que les pays membres de l'OMC voulaient « un résultat pour la fin de l'année », échéance ultime pour laquelle l'ensemble de la négociation de Doha lancée fin 2001 dans la capitale du Qatar doit être bouclée. « Cela n'avait jamais été exprimé aussi clairement », a-t-il dit. M. Lamy avait exigé que les pays membres se mettent d'abord d'accord chiffres en main au plus tard fin juin sur les principaux points de la négociation (subventions agricoles et droits de douane), qui opposent pays du Nord et du Sud et aussi Américains et Européens. Selon certains observateurs, la énième crise dans les négociations du cycle de Doha a conduit les négociateurs à confier au directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, un rôle de « catalyseur », un défi à risque mais aussi un pas vers le changement d'un fonctionnement menacé de paralysie. Selon eux, l'appel à une intervention beaucoup plus active du secrétariat genevois « ne reflète pas seulement la présente incapacité des principaux acteurs à se mettre d'accord ». Elle traduit aussi, soutiennent-ils, « la difficulté, inhérente à une organisation comptant 149 pays membres dont chaque voix pèse en principe d'un poids égal, à dégager les consensus qui ont édifié le système commercial multilatéral ». En tout état de cause, « les principaux acteurs attendent maintenant des résultats rapides. Si nous ne changeons pas de cap dans les deux semaines, nous n'aurons pas de percée cet été dans les négociations et nous serons face à un échec », a averti le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson. S'il gagne ce pari risqué, Pascal Lamy aura fait un pas important vers la réforme d'une organisation qu'il avait qualifiée de « médiévale », quand il était encore au poste de M. Mandelson.