Ce n'est qu'en mettant en place des mécanismes de médiation sociale et des infrastructures de prise en charge que la protection de l'enfant peut être effective. La wilaya de Béjaïa a marqué la journée mondiale de l'enfance à travers une batterie d'activités dont certaines s'étaleront sur plusieurs jours. Pour beaucoup d'enfants de la wilaya, cette journée aura été l'occasion de faire part de leurs préoccupations à travers notamment deux rencontres consacrées à cet effet, organisées par l'APW de Béjaïa et le Centre de documentation en droit de l'homme. Au niveau du CDDH des élèves des paliers primaire et secondaire ont pris part à la journée d'information sur la Convention des nations unies relative à la protection de l'enfant, animée samedi matin par Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, en présence de parents d'élèves, d'enseignants et d'acteurs du mouvement associatif. 22 ans après la ratification de la convention des nations unies par l'Algérie, beaucoup reste à faire en matière de droit et de protection de l'enfant. Et pour cause, selon Said Salhi, «la loi ne suffit pas, il faut que des mesures suivent». Autrement dit, les termes de la convention que l'Algérie a ratifiée avec, il faut le signaler, des déclarations interprétatives (réserves) sont en déphasage avec leur application sur le terrain. «L'Algérie a fait beaucoup d'efforts concernant les droits de l'enfant par rapport à d'autres pays du tiers monde (scolarisation), mais il est regrettable de constater que d'autres volets aujourd'hui en souffrance ont une influence directe sur la vie de l'enfant», constate le spécialiste des droits de l'homme qui estime que «l'Etat n'a pas investi sur le social, c'est-à-dire sur la famille». Ce n'est qu'en mettant en place des mécanismes de médiation sociale (assistance sociale) et des infrastructures de prise en charge que la protection de l'enfant peut être effective et que l'arsenal juridique existant ne reste pas dans l'ordre de la théorie, selon Said Salhi. Le volet économique est aussi très déterminant en ce sens que la stabilité financière des ménages est un facteur favorable à l'émancipation de l'enfant. Concernant l'amélioration de l'arsenal des lois relatives à l'enfant, Said Salhi regrette que la situation soit «aggravée» récemment en ramenant l'âge de discernement de l'enfant en cas de crime à 10 ans, au lieu de 13 ans. Spectacles L'orateur informera que son ONG revendique la restitution de l'âge initial. Elle milite également pour que l'Etat intervienne dans la sphère familiale au secours de l'enfant, la levée du secret lorsqu'il s'agit de violence et l'élargissement du signalement dans les cas de kidnapping. D'autres points aussi importants les uns que les autres ont été également abordés comme le travail des mineurs et le châtiment corporel dans le milieu éducatif. Des sujets qui ont été débattus entre les élèves présents à la rencontre avec des enseignants, en présence de Achour Idir, porte parole du Conseil des lycées d'Algerie (CLA). L'après-midi, le même thème a été développé par les conférenciers au niveau de la maison de la culture Taos Amrouche, à la faveur d'une conférence ouverte au public. En parallèle, le hall de cette structure culturelle a revêtu un décor de fête, pour donner une touche de joie à l'évènement. La maison de la culture a préparé un programme de trois jours de festivités à partir du vendredi. Au menu, un gala de Rap signé La troupe Hip-hop et un spectacle clownesque de Hamimiche au premier jour, tandis que la Coopérative artistique pour le théâtre et le chant de la ville d'Oran s'est chargée d'égayer les deux journées restantes par des spectacles de chants et du 4e art. De son côté, le comité des fêtes a concocté un riche programme qui s'étale sur une semaine à compter du vendredi 30 mai. Coïncidant avec la journée internationale de l'environnement, le comité a préparé des activités associant loisirs, festivités et écologie. Des excursions, un tournoi de football, des expositions et d'autres activités sont au menu de cette manifestation. Par ailleurs, l'APW de Béjaïa a ouvert dimanche 1er juin sa salle de réunion à une cinquantaine d'élèves (trois paliers confondus) venus des quatre coins de la wilaya qui ont exposé leurs doléances face aux élus, le wali et les membres de son exécutif. Les élèves ont fait part de beaucoup de problèmes qu'ils rencontrent dans le milieu scolaire et familial. Les autorités ont été interpellées in vivo par une frange sociale qui souffre plus que les autres de par sa vulnérabilité, sur le manque d'infrastructures culturelles, sportives, de prise en charge d'enfants orphelins et handicapés, et surtout sur l'absence d'infrastructures de loisirs de proximité etc.