Les Algérois estivants rentrent au bercail après une saison qui aura duré moins de deux mois. Une période relativement courte eu égard à un mois de juin, voire une bonne partie du mois de juillet, qui ont été exceptionnellement doux par rapport à l'été caniculaire de l'année passée. Les routes étaient bondées, en ce 31 août 2004, par des milliers de véhicules dont des véhicules utilitaires de petit ou de gros tonnage, des voitures de diverses cylindrées jusqu'à la minuscule Maruti qui, elle aussi, n'a eu aucune peine à accueillir famille et bagages avant de prendre la route vers Alger. Au niveau du Grand bleu, pris en sandwich par deux autres « complexes » privés à Chenoua (3 km à la sortie ouest de Tipaza), la direction du centre émet de la musique classique. Manière de partager la tristesse de ses pensionnaires partants. Des échanges de numéros de téléphone mentionnés à la va-vite sur des morceaux de papier, des femmes s'embrassant non sans verser de chaudes larmes, des hommes se serrant fortement la main, des adolescentes se serrant dans les bras en jurant de garder le contact et de revenir en 2005. Les « à l'année prochaine, inch'Allah » fusent de partout. « C'est désormais mon lieu de prédilection pour mes futurs séjours. Je suis resté un mois et Dieu merci, il n'y a eu aucun souci. Mes trois enfants s'en sont donné à cœur joie. Le site est hypersécurisé », nous confie un cadre de la BNA résidant à Bab El Oued, et dont les œuvres sociales de l'entreprise ont mis tout un « village » à la disposition de ses travailleurs. Tout en manipulant le volant de son 4X4 asiatique, Madjid se dit fin prêt pour prendre la route en direction d'Alger. Une distance de 75 km relie ce site au quartier de Hussein Dey où il réside avec ses quatre enfants. Il nous fait un salut en guise d'adieu. Son épouse et sa progéniture, dont l'âge varie entre 7 et 18 ans, nous font le même geste. Tout au long de la route nationale qui longe le littoral, les barrages de gendarmerie veillent au grain. Si on ferme l'œil sur la surcharge, on ne badine, toutefois, pas sur le port de la ceinture de sécurité. Aimablement, ils invitent les conducteurs à le faire. « C'est pour leur sécurité », explique un darki. Dans les agglomérations, la mission de gérer ce « rush » incombe à la police. Présents dans les carrefours, les hommes en bleu sillonnent, par ailleurs, les parties intra-muros en patrouilles mixtes. Voiture doublée de motocyclistes. « On met le paquet pour éviter au maximum les accidents de la circulation », nous dit un officier chargé de surveiller et par là même constater de visu le travail de ses troupes, éparpillées dans les quatre coins de la ville de Tipaza. A Alger, hormis les enfants qui profiteront encore de dix jours de vacances scolaires, les pères et mères travailleuses devront rejoindre leur lieu de travail dès le lendemain, soit le 1er septembre. La capitale se remet à l'heure des nuisances sonores et à l'encombrement dû à la circulation routière. Les « terroristes » de la route ont encore fait des dégâts. Trois morts enregistrés par les services du groupement d'Alger et de la Gendarmerie nationale durant la période du 25 au 31 août 2004 sur les routes d'Alger. Ce bilan fait ressortir aussi 49 blessés dans 40 accidents de la circulation. L'hécatombe continue.