La société civile des wilayas du Sud s'oppose à l'exploitation du gaz de schiste, notamment sur leur territoire. C'est en tout cas, ce qui ressort de l'attitude de leurs représentants rencontrés lors du 4e Salon national des clubs verts et de l'environnement, qui se tient du 16 au 20 juin à Boumerdès. Puisant leurs arguments dans les conséquences des essais nucléaires au Sahara, les écolos de In Salah, Ouargla et Ghardaïa rejettent en bloc le projet d'exploitation du gaz de schiste. Ils appellent à la décontamination des zones touchées par le nucléaire au lieu de se lancer dans une activité néfaste et très coûteuse. «Nous avons 90 adhérents entre filles et garçons ainsi que 20 bénévoles qui répondent à chaque fois à l'appel de notre association», souligne Fayçal Abdeslam, représentant de l'association Basmatik (ton empreinte) pour l'environnement et qui lutte également contre la désertification. Cet écologiste affirme que toute la société civile d'In Salah s'oppose à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels dont regorge la région. «Son impact est désastreux pour les hommes, les plantes et les animaux», alerte-t-il, promettant de multiplier les initiatives pour sensibiliser l'opinion publique locale afin de contraindre le gouvernement à revenir sur sa décision. «Nous allons même, s'il le faut, recourir aux conventions internationales pour préserver nos richesses», dit-il. Même son de cloche chez les membres du club vert, Petit jardinier, venus de Ghardaïa. «Les effets du nucléaire se transmettent d'une génération à l'autre», témoigne Naioua Aïssa, directeur du complexe sportif de proximité d'El Mansoura à Ghardaïa. Ce dernier regrette le fait que ceux qui vont bénéficier de ce projet sont les multinationales. «Si on est vraiment dans le besoin, nous n'avons qu'à investir les 200 milliards de dollars de réserves de l'Algérie qui profitent actuellement aux Occidentaux», suggère-t-il. Réactions mitigées des clubs verts du Nord L'association Ardh de Béjaïa vient de lancer une étude sur le sujet avant de trancher. Bien que son président se soit montré contre l'idée, il estime que le développement de l'agriculture peut être une alternative. Il faut noter que les rares clubs qui sont pour l'exploitation du gaz de schiste se situent au Nord. Mme Heffaf, présidente du Conseil scientifique de la ligue des activités scientifiques et techniques de Tizi Ouzou, regroupant environ 300 clubs verts et associations, soutient l'exploitation de ce gaz. Pour elle, «ce gaz pourrait être exploité sans qu'il y ait des méfaits sur l'environnement». D'après ses dires, les quantités d'eau utilisées pour le gaz naturel et le pétrole sont plus importantes que celles utilisées pour le gaz du schiste. «L'environnement est un volet de la science et non pas son ennemi», conclut-elle. «Cependant, une grande partie de la société civile à Ouargla ne veut rien entendre. Il y a ceux qui disent il faut tenter l'expérience, à l'instar d'un ingénieur de recherche que nous avons contacté. Mais la majorité des adhérents de mon club sont contre», fait remarquer Khadidja Bouhala, présidente du Club vert de la jeunesse et de l'environnement de Ouargla. Cette dernière précise que ceux qui sont pour l'exploitation du gaz du schiste préconisent de ne pas l'exploiter dans l'immédiat. Mais, d'après Mme Bouhala, la majorité des jeunes du Sud, pas uniquement à Ouargla, «ne veulent pas que l'on touche à leur région». Les jeunes des régions sahariennes se demandent pourquoi on veut faire l'essai exactement dans le Sud et pourquoi le choix de l'Algérie et non pas d'autres pays.