Au sixième jour de son opération baptisée «Gardien de nos frères», l'armée israélienne a arrêté, dans la nuit de mardi à mercredi, 65 Palestiniens, portant à plus de 240 le nombre d'arrestations depuis le 12 juin. Il s'agit en majorité de militants et dirigeants du Hamas islamiste, dont le président du Parlement palestinien, Aziz Dweik. Dans la dernière vague, figurent 51 prisonniers libérés en 2011 en échange du soldat Gilad Shalit, enlevé en 2006 et détenu par le Hamas à Ghaza. Mahmoud Abbas, qui avait déjà condamné l'enlèvement, a dénoncé ses auteurs hier. «Celui qui a enlevé les trois jeunes Israéliens cherche à nous détruire et on va lui demander des comptes», a-t-il déclaré à l'ouverture, à Jeddah (Arabie Saoudite), d'une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). «Il est dans notre intérêt d'avoir une coordination en matière de sécurité avec Israël car cela nous protège», a-t-il ajouté, réaffirmant son hostilité à une troisième intifadha. Le Hamas a fustigé ces propos. «Les déclarations du président Abbas sur la coordination en matière de sécurité sont dépourvues de justification, nuisent à l'intérêt national et contreviennent à l'accord (de réconciliation, ndlr) du Caire», a affirmé un porte-parole du Hamas à Ghaza, Sami Abou Zouhri. Le Hamas a officiellement renoncé au pouvoir dans la bande de Ghaza à la suite de la formation, le 2 juin, d'un gouvernement d'union composé de personnalités indépendantes, en vertu d'un accord de réconciliation avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dirigée par M. Abbas. Selon des commentateurs, Israël, déterminé à faire échouer la réconciliation, tire parti de l'opération en cours, son plus important déploiement en Cisjordanie depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005, pour y démanteler les réseaux du Hamas. Près de 800 bâtiments ont déjà été fouillés, avec une attention particulière portée aux institutions économiques et sociales du Hamas, parallèlement aux opérations de recherche des trois jeunes Israéliens. «Nous avons effectivement deux opérations en parallèle, la première vise à ramener les garçons, la deuxième consiste à porter un coup substantiel aux infrastructures et aux institutions terroristes du Hamas», a expliqué hier le porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Peter Lerner, affirmant que l'armée tablait sur le fait que les trois jeunes étaient «toujours vivants». Amnesty International a appelé, dans un communiqué, à «la libération immédiate et inconditionnelle des trois adolescents israéliens», tout en exhortant Israël à «cesser toutes les mesures constituant un châtiment collectif infligé à la population palestinienne depuis le rapt» notamment le bouclage de Hébron et l'interdiction pour les travailleurs palestiniens d'entrer en Israël.