Les islamistes, qui dominaient la Chambre des députés sortante, sont battus à plate couture, selon les premiers résultats. Tripoli De notre envoyé spécial Les résultats partiels des élections des membres de la Chambre des députés en Libye annoncent une avancée importante des candidats libéraux par rapport aux islamistes, confirmant les résultats du Conseil des 60 pour la rédaction de la Constitution de février dernier. Le Haut comité national des élections (HNEC) en Libye a commencé, vendredi soir, à publier les résultats partiels des élections du 25 juin des membres de la Chambre des députés. Les premiers résultats provenant de plusieurs villes (Barqa, Ajdabia, Kmines, Sloug, Abyar, Marj, Al Baydha, Chahat, Alkoubba, Toubrouk, Tripoli centre, Hay El Andalous, Benghazi, Ezzaouia, Ghariane, etc.) indiquent que des candidats libéraux occupent la majorité des places éligibles. Les islamistes ne sont dans les premières loges qu'à Misrata et ils font jeu égal avec les libéraux à Souk Joumaâ dans la banlieue de Tripoli. Par libéraux, les observateurs signifient une coalition ouverte de personnalités nationales et de militants de la société civile, qui ont exprimé leur hostilité au Congrès national général et se sont déclarés favorables à l'opération «Al Karama» du général Khalifa Haftar contre les terroristes à l'est de la Libye. Concernant les résultats partiels, le HNEC a déjà précisé que cette annonce se fera une fois l'opération de stockage des procès-verbaux des bureaux de vote avancée à hauteur d'au moins 70%. En effet, le tri se fait dans les bureaux de vote avant que les bulletins ne soient remis dans les urnes avec le procès-verbal du décompte. Lesquelles urnes sont transférées au siège central du HNEC à Tripoli où l'on procède au stockage et à l'annonce des résultats. Profil de la Chambre Le mode électoral en Libye est uninominal et non transférable. Les 200 sièges sont affectés à des individus, non à des listes. Lesquels individus ne sont pas des représentants de partis politiques, ni d'organisations de la société civile. Ce choix uninominal a été opéré par les islamistes, très influents au congrès sortant, parce que les résultats des élections du 7 juillet 2011 ont donné une large majorité (58%) aux listes du courant libéral. Le mode électoral était alors mixte. 120 sièges ont été attribués de manière individuelle alors que 80 étaient attribués selon le système de vote de listes. Pour les élections du 25 juin, le mode de scrutin est, certes, uninominal non transférable, mais la position par rapport à la campagne de Haftar était la ligne de démarcation entre les candidats. La société civile est largement favorable à cette lutte contre le terrorisme, alors que les islamistes ont essayé de protéger Ançar Charia, ce qui leur a été, semble-t-il, fatal aux urnes. Si les résultats partiels se confirment, le pouvoir en Libye balancera au profit des forces libérales. Mais toute la question est de savoir si les islamistes, notamment les groupes rigoristes, se plieront aux résultats des urnes. La question est d'autant plus cruciale que la Libye vit une prolifération d'armes inquiétante. Selon le politologue Mansur Younes, ancien membre du Conseil national de transition, «la Libye se dirige vers un gouvernement indépendant, qui sera l'émanation de cette Chambre des députés largement dominée par les libéraux». Cet universitaire pense que «la société civile va sûrement tenter de réunir un dialogue national qui installera une plateforme au prochain gouvernement, qui pourrait être ouvert à toutes les personnalités y adhérant, y compris les islamistes». Avec la réussite de ces élections, la Libye a, certes, franchi un pas important vers la voie de l'installation des institutions de l'Etat, mais le plus dur est de faire disparaître les armes et les milices. Cela est une autre affaire...