Elle en est de loin la plus importante. Sa gestion est revenue à un professionnel, Sogral, une SARL qui a la particularité d'avoir en charge celle de la gare du Caroubier d'Alger. Cette structure qui fait partie d'une gare internodale comprenant une gare de chemin de fer, appartient à Resto Rail, une filiale de la SNCFA. Mais qu'a gagné l'usager des transports en commun au terme du contrat de partenariat liant Restau Rail et Sogral ? Tout d'abord des travaux d'aménagement pour 12 millions de dinars qui ont rendu cette gare plus avenante et plus fonctionnelle après une réouverture intervenue le 1er juin 2004. Les quais de stationnement qui étaient 11 sont passés à 25, tous alignés le long d'une allée abritée. A l'intérieur de la gare, des bancs, un café, des toilettes publiques et quelques commerces agrémentent le tout. Mais rien n'a marché comme prévu du fait des résistances à l'application de la réglementation. Une partie des transporteurs était montée au créneau à plusieurs reprises pour contester les servitudes qu'impose le service d'utilité publique. « J'ai à gérer une gare et non pas une halte, cela signifie une organisation selon un plan de transport strict », n'a eu de cesse de répéter son directeur. Le gérant met les lacunes existantes au compte de la rentabilité de la structure : « Au début, les autorités locales nous avaient promis le chiffre de 400 véhicules entrant en gare, ce qui augurait d'une gestion sans embarras financier, ce qui nous aurait permis de mettre le paquet. Or nous n'avons en moyenne que 58 Karsan en marche contre 87 enregistrés et 65 autobus en fonctionnement sur les 81 conventionnés. En plus, il existe un potentiel de 50% des transporteurs installés dans d'autres espaces, un potentiel dont la domiciliation dans la gare n'aurait en rien entravé le plan de circulation de la ville comme on le prétend. Nous n'avons pas de lignes longue distance malheureusement, faute de candidatures pour leur exploitation. Nous n'avons que l'interurbain et trois moyennes distances, soit Oran, Sidi Bel Abbès et Tlemcen. Aussi, sommes-nous en déficit financier structurel. » un parc vétuste Côté usagers, l'on ne nie pas les progrès dans la qualité des services offerts par la gare et l'on va jusqu'à dire pour certains que l'on préfère la cohue devant les guichets ouverts pour acheter son billet, plutôt que d'avoir à se battre pour une place à la montée des bus comme auparavant. « Auparavant, c'était plus dangereux, il n'y avait que les costauds à pouvoir disposer des places lorsqu'il y a bousculade. Ensuite, c'étaient les transporteurs qui faisaient la loi en triant les passagers pour choisir entre ceux qui font l'intégralité du trajet et ceux qui s'arrêtent en chemin et déboursent donc moins. » Il reste que l'on souhaite, au niveau des guichets, qu'il y ait des cordons pour organiser les files, d'autant plus que l'espace au sein de la gare est réduit. Côté étudiants, on ne l'entend pas de cette oreille, surtout pour ceux qui partent vers Sidi Bel Abbès. D'abord, il y a les 5 DA supplémentaires que s'adjuge Sogral sur chaque billet, « ce qui fait moins de garantita pour se sustenter parce qu'on est pauvres, que voulez-vous ! ». Ensuite, et là le problème est beaucoup plus sérieux, c'est l'absence de flexibilité des horaires de départ en fonction de la demande : « En tant qu'étudiants, nous devons tous être à une heure précise à l'université. Seulement, voilà, pour deux minutes de retard à cause d'un camarade au guichet, on est réservé sur un bus qui part 20 minutes plus tard. Aussi, on se retrouve des centaines le samedi dans 5 ou 6 bus complets à attendre parce que le plan de transport prévoit que le départ des bus se fasse par intermittences selon un décalage horaire. Pourquoi, une telle rigidité ? Est-elle au service des usagers ou de la réglementation. Après tout, la réglementation est-elle conçue pour notre bien ou pour nous pénaliser stupidement ? » Si pour la direction de Tlemcen, les plaintes sont peu nombreuses, pour la direction d'Oran, elles fusent de toutes parts. Le passager, lorsqu'il emprunte les autocars de la ligne Témouchent-Oran, a beau se lever tôt pour espérer se retrouver rapidement à Oran, il arrive immanquablement en retard sur son rendez-vous. Au lieu de 75 minutes de trajet au maximum, le bus met 2 heures pour arriver à destination contrairement aux voyageurs partant de Hammam Bou Hadjar pour la même distance. En effet, de la gare routière à la sortie de la ville, soit 3 km au maximum, avec une circulation des plus fluides, un autocar met près de 20 mn, s'arrêtant à divers endroits pour essayer de ramasser le maximum de passagers. Pis, entre Témouchent et El Maleh, soit 8 km, il met près d'une demi-heure de façon, à l'arrivée, à ramasser le plus de passagers dans cette localité. Le même scénario se répète aux étapes suivantes à Hassi El Ghella et El Amria. Ce n'est qu'après cette dernière agglomération, au bout d'une heure, soit après 25 km, que la vitesse est normale. Par ailleurs, la vétusté du parc fait qu'il n'est pas rare que les voyageurs soient laissés en rade en pleine rase campagne. Aussi, rares sont les autobus qui ne sont pas d'une saleté repoussante. Vecteurs de maladies, ils sont en outre dépourvus de tout confort. Encore, malheur à ceux qui seront assis à l'arrière du véhicule puisqu'ils auront droit aux gaz des tuyaux d'échappement. En été, il s'y ajoute la chaleur des moteurs. Enfin, d'aucuns s'interrogent sur le bien-fondé de l'autorisation donnée aux transporteurs de prendre à bord une dizaine de voyageurs en position debout. « Jusqu'à quand continuera-t-on à nous considérer comme du bétail ou plus exactement comme des sardines juste bonnes à être entassées les unes sur les autres ? » Faudra-t-il attendre la concrétisation du projet de nouvelle gare routière pour que les choses s'améliorent à Témouchent ?