La mesure portant création d'un Fonds national de réserves des retraites décidée dernièrement par les pouvoirs publics vise à mettre à l'abri le système national de retraite dont l'efficacité a souvent été un sujet à débat. L'on s'interrogeait surtout sur l'avenir de la Caisse nationale des retraites dont la santé financière risque d'être mise à mal par la diminution des cotisants. Cette situation pourrait être évitée s'il y a une relance économique effective qui permettra la création de nombreux emplois donc de nouveaux cotisants. Reste que la plupart des employeurs ne déclarent pas leurs salariés. La dernière enquête réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) montre qu'un employé sur deux en moyenne n'est pas affilié à la Sécurité sociale. L'augmentation des cotisants est loin donc de représenter la solution idéale pour cet épineux problème qui concerne une bonne partie de la population. Mais les autorités semblent déterminées à prendre le taureau par les cornes une bonne fois pour toute en instituant ce fonds qui, souligne-t-on dans le communiqué de la dernière bipartite qui a réuni une délégation de la centrale syndicale UGTA et le chef du gouvernement ainsi que quelques membres de l'Exécutif, « est destiné à préserver les équilibres financiers de la Caisse des retraites, et en vue d'assurer un revenu de remplacement pour les générations futures ». Le communiqué confirme que « cette décision met le système de retraite à l'abri de toutes les fluctuations économiques, sociales ou démographiques ». Avec cette décision, le gouvernement ferme ainsi une parenthèse qui avait été ouverte par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, qui avait jeté un pavé dans la mare en juin 2004 en déclarant que la CNR enregistrait un grave déséquilibre financier, voire un déficit qu'elle devra surmonter afin de ne pas mettre en danger le système national de retraite. Dès lors, une polémique s'en est suivie entre ce représentant du gouvernement et la Fédération nationale des travailleurs retraités. Cette dernière par la voie de son secrétaire général Abdelmadjd Azzi a soutenu que la CNR se portait bien. Elle serait même excédentaire. Le ministre avait essayé de rectifier le tir en affirmant qu'une réforme était en cours pour « la définition de mécanismes et modalités permettant de préserver les équilibres financiers de notre système national de retraite ». Cette réforme commence à prendre forme deux ans après avec la création de ce fonds qui évitera ainsi à la CNR d'aller à la dérive. Cette mesure intervient au moment où cette caisse enregistre un excédent de 20 milliards de dinars. La CNR a été à maintes reprises sollicitée pour répondre aux besoins de « la solidarité nationale ». C'est en effet dans ses réserves qu'on a puisé pour renflouer les finances de la Caisse nationale d'assurance chômage. C'est ce qui explique le déséquilibre financier de la CNR.