Après des décennies de débats, le chef de l'Etat avait chargé, en 2002, une commission de réfléchir à une réforme du système éducatif. La commission, présidée par Benali Benzaghou, recteur de l'université des sciences et des déchronologies, Houari Boumediène, a rendu son rapport à la présidence de la République en 2003. Plus de 11 ans après la remise de ce rapport élaboré par 170 spécialistes, dont l'actuelle ministre de l'Education nationale, on ne sait pas grand chose de son contenu. Si le ministère de l'Education nationale, notamment à l'époque de Boubekeur Benbouzid, a déclaré avoir appliqué une partie de cette réforme, la présidence de la République a choisi, pour des raisons mystérieuses, de ne pas rendre public le document. Pourtant, «il n'y a rien de secret» dans le document, soutient Benali Benzaghou qui dit ne pas comprendre «pourquoi les services de la présidence de la République n'ont pas rendu public le rapport». En l'absence donc d'une copie publique, seuls certains axes de ce document sont connus. Lors d'un entretien accordé l'an dernier à El Watan, M. Benzaghou a énuméré les grands axes de ce que devait être la réforme du système éducatif. Cela commence, selon le professeur, par une réforme profonde de l'enseignement technique. Alors que la commission préconise la réforme de ce cycle, M. Benzaghou constate que «le bac technique, en vigueur par le passé, était donc dévoyé, c'est pour cela d'ailleurs que dans la réforme, il était prévu un enseignement préuniversitaire et un enseignement et une formation professionnels, d'où l'intitulé du ministère : Enseignement et Formation professionnels. Mais ce n'est pas clair». Black-out total ! Plus grave que l'aspect technique, l'idéologisation de l'école a constitué un des freins les plus têtus à l'application de la réforme. Alors que la commission Benzaghou préconise l'enseignement des langues étrangères à ce qui se faisait auparavant, les idéologues les plus conservateurs de la société crient au scandale. Cette réforme fait partie des rares qui ont été appliquées, mais «le problème c'est que l'encadrement n'a pas suivi cette approche», explique M. Benzaghou. «Le problème pour l'arabe, c'est la méthode pédagogique qui n'a pas été suffisamment modernisée», explique-t-il. C'est pour cela que l'enseignement des langues étrangères est recommandé parce que pour «des raisons historiques, l'accès aux sciences et aux technologies doit forcément passer par les langues étrangères». A ceux qui ont critiqué une supposée suppression des sciences islamiques, Benali Benzaghou dément. «Il n'a jamais été question de supprimer totalement l'éducation religieuse. Cela n'a jamais été demandé par la commission. Par contre, elle a souhaité que l'enseignement soit fait avec des méthodes pédagogiques appropriées et adéquates à l'âge de l'enfant», rappelle-t-il. En plus des correctifs qui devaient être apportés aux programmes, la commission Benzaghou a recommandé la création d'instances chargées du suivi et de l'évaluation du secteur de l'éducation. En vain. «Un observatoire a été créé au sein du ministère de l'Education nationale, mais aucune évaluation n'a été rendue publique. De même que la création du Conseil national de l'éducation, qui devrait être un espace de dialogue pour toutes les parties composant le système éducatif, y compris les syndicats du secteur et les associations des parents d'élèves, permettrait d'avoir une vision globale du système éducatif. Ce Conseil n'a jamais été créé. Mais cette évaluation est importante, car au bout de dix ans, il est impératif de savoir ce qui a été réalisé et ce qu'il faut encore revoir», rappelle M. Benzaghou dans cet entretien à El Watan.