Constantine s'offre une année sabbatique en matière d'activités culturelles. Une année blanche dictée par l'événement de 2015 qui a imposé un blackout à 2014, et ce, après la fermeture des principales infrastructures culturelles de la ville pour cause de rénovation ou de réaménagement. Partant, l'antique Cirta, déjà culturellement pauvre, s'est vue dans l'obligation de mettre en veilleuse les quelques manifestations internationales que les Constantinois affectionnent. Bien évidemment, les autorités, aussi bien locales que centrales, concentrées sur la multitude de nouveaux projets à concrétiser en perspective de 2015, ne se soucient guère de la nécessaire continuité des rendez-vous culturels, dont la plupart impliquent des partenaires étrangers, assénant ainsi un sérieux coup à la crédibilité des spectacles concernés. La logique aurait voulu que les officiels trouvent des lieux de substitution de manière à éviter cette pause culturelle préjudiciable et assurer, de ce fait, leur pérennité. En ouvrant de multiples chantiers à travers la ville et en fermant le Théâtre régional de Constantine (TRC), la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa et le palais de la Culture Malek Haddad, pour des travaux d'aménagement et de rénovation, cette procédure a fait que des spectacles internationaux, créés à la faveur de l'engagement de personnes éprises de la chose culturelle, notamment les Festivals du malouf, du DimaJazz et de la poésie féminine ont été sacrifiés sur l'autel du relooking tous azimuts de la ville. Organisateurs, partenaires et public sont, aujourd'hui, pénalisés et éprouvent du mal à comprendre que l'on reporte de telles manifestations pour des raisons liées à l'indisponibilité des infrastructures existantes. Officiellement, il faudra attendre la fin de l'année en cours pour que celles-ci soient enfin réceptionnées. Or, la cadence insufflée actuellement aux travaux laisse présager que leur réception pourrait, plutôt, intervenir le premier trimestre 2015, soit à la veille du coup d'envoi des festivités. «Concernant le théâtre, les autorités chargées du suivi des travaux m'ont dit qu'il devrait être prêt d'ici la fin décembre 2014», nous précise son directeur, M. Ztili. Peau neuve pour le TRC D'autres voix avancent, quant à elles, que l'opération d'aménagement et d'équipement dont va bénéficier ce joyau architectural, datant de 1883, risque de prendre du retard sur les prévisions initiales à cause de la lenteur des travaux. Les 8 niveaux du TRC, à savoir 4 sous-sols, 4 balcons et les espaces, ont été entièrement vidés de leur contenu, nécessitant plus de 60 transferts au niveau de la bibliothèque de la wilaya située à la cité Boussouf, pendant deux mois. Les décors, les machines et les sièges et tous les autres accessoires ont été retirés également. «Tout l'équipement sera remplacé et les fissures et les infiltrations du toit seront colmatées», affirme, par ailleurs, le directeur du théâtre. C'est donc un édifice flambant neuf qui accueillera ses invités pour 2015 ! Selon certaines sources proches du secteur de la culture, «l'essentiel c'est que les choses soient bien faites ; en faisant vite on risque aussi de faire n'importe quoi. Or, l'événement de 2015 est une occasion en or pour Constantine d'être bien aménagée et bénéficier de nouvelles infrastructures et des équipements modernes.» Et comme l'ouverture théâtrale officielle du TRC est prévue vers la fin avril 2015, l'édifice devrait normalement être fin prêt, même si sa réception n'aura pas lieu à la fin décembre, selon les officiels. Ce serait donc pour la «bonne cause» que les festivals du malouf, de la poésie féminine et le Dimajazz n'auront pas lieu cette année, puisque d'habitude ils sont abrités par le TRC. Sa fermeture a, en effet, «surpris» les organisateurs du DimaJazz, très prisé à Constantine, sachant que «tout a été ficelé au cours du mois de janvier : le programme artistique, le choix des artistes, les dates ont été fixées, tout était déjà prêt, mais la fermeture du TRC a tout chamboulé. Nous avons proposé aux autorités de créer un chapiteau, mais celles-ci sont restées insensibles à nos propositions», souligne Nourredine Nesrouche, membre du commissariat du DimaJazz. La onzième édition de ce festival n'aura finalement pas lieu, au même titre que d'autres manifestations culturelles, dont l'annulation a porté un coup sévère à un capital culturel durement acquis.