Tous ces projets de rénovation seront lancés en même temps, chose qui risque de paralyser toutes les activités culturelles des associations et des troupes théâtrales ou musicales durant l'année 2014! À une année de l'événement "Constantine, capitale de la culture arabe", la ville des Ponts suspendus attend de grands changements les prochains mois. Les autorités se pressent de lancer divers projets conduisant à la réussite de la manifestation. 2014 sera l'année des grands chantiers, mais en marge des fameux quinze nouveaux projets qui seront réalisés à l'instar des hôtels, des musées, du palais des expositions ou de la salle de spectacle de 3 000 places, le ministère de la Culture a prévu de restaurer les infrastructures culturelles déjà existantes dans la ville. Ainsi, comme annoncé il y a quelques mois par Mme la ministre, Khalida Toumi, la maison de la culture Mohamed-Laïd-El-Khalifa sera convertie en un musée des arts modernes, alors que le Théâtre régional et le palais de la culture Malek-Haddad seront rénovés. Des opérations de lifting indispensables, il est vrai pour l'image de la ville qui ambitionne d'accueillir comme il se doit ses hôtes des pays arabes. Les travaux commenceront en ce début de l'année, et déjà la maison de la culture Mohamed Laid-El-Khalifa a été partiellement vidée de ses occupants, alors que le TRC sera fermé dès le mois de février. Seul bémol à toute cette opération c'est bien que tous ces projets de rénovation seront lancés en même temps, chose qui risque de paralyser toutes les activités culturelles des associations et des troupes théâtrales ou musicales durant l'année 2014 ! Autant dire qu'une année blanche est à craindre. En effet, pour rattraper le retard, les pouvoirs publics ont décidé de fermer "temporairement" les trois édifices en question — les seuls à pouvoir abriter de grandes manifestations culturelles — sans pour autant informer les acteurs concernés. Une année de "transition" qui paralysera les festivals que la ville de "La culture et du savoir" avait l'habitude d'abriter chaque année. Verra-t-on un report des festivals du malouf, d'el-inchad, du jazz, ou du conte ? Selon les concernés, tout porte à croire que la ville connaîtra une longue hibernation. Zoheir Bouzid, commissaire du Festival international du DimaJazz, nous explique son point de vue : "Nous ne savons pas encore si le festival sera programmé à Constantine ou pas. Nous avons déjà finalisé le programme de la 12e édition du festival prévue pour la fin avril et nous nous sommes engagés avec les artistes qui s'y produiront. Mais avec la fermeture du théâtre et du palais Malek-Haddad, nous ne savons pas où se tiendra la prochaine édition du DimaJazz. On ne voudrait surtout pas délocaliser le festival dans une autre wilaya, sachant que DimaJazz fait désormais partie des Festivals internationaux du jazz reconnus par l'Unesco. Un report ou une délocalisation serait catastrophique pour nous, car avec l'Unesco, il y a un programme à respecter surtout que nous ambitionnons à faire de Constantine, capitale mondiale du jazz en 2015". Même son de cloche pour Ahmed Benkhalef, connu sur la scène du malouf et membre de l'association Aïssaoua, il s'inquiète lui aussi de la situation. "Ils auraient pu éviter de lancer simultanément les travaux dans les trois structures. Il y a des festivals qui ne peuvent s'organiser dans les maisons de culture des autres communes. Nous avons entendu parler du projet, mais personne ne nous informe officiellement. Lorsqu'on délocalise un festival dans une autre commune que Constantine, on doit se préparer à faire face à un nouveau public et à un autre environnement, ce qui n'est pas aisé. 2014 doit être l'année des préparatifs pour 2015." Interrogé sur cette agitation des artistes et des organisateurs, le directeur de la culture de Constantine, Jamel Foughali, ne semble pas inquiet et considère que c'est juste une conjoncture exceptionnelle. "Nous étudions toutes les possibilités pour ne rien annuler et nous envisageons d'organiser certains festivals comme celui de la poésie féminine à l'université. Quant au Festival du malouf, on peut le délocaliser dans une autre wilaya. Idem pour DimaJazz, et personne ne peut contester la décision, parce que ces festivals appartiennent à l'Etat, donc si l'on décide de délocaliser dans une autre commune ou une autre wilaya, ça se fera." B. D Nom Adresse email