De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Songer à édifier autant d'infrastructures pouvant abriter des manifestations culturelles de haute facture s'impose à plus d'un titre dans une ville qui regagne du terrain en matière de festivals institutionnalisés. Il semblerait que le regroupement, voire l'entassement, de festivités pour le seul souci de conforter le statut culturel de la ville s'apparente à un coup d'épée dans l'eau. L'appréciation du thème artistique requiert un cadre spécifique à la dégustation. De ce fait, le Théâtre régional de Constantine (TRC), seule arène adéquate à abriter ces «shows», ne remplit pas vraiment son rôle «spacieux» dès lors qu'à chaque prestation des mélomanes en manque de «live» restent en dehors de cette institution ! En témoignent les derniers festivals de Dimajazz et du malouf qui ont laissé derrière eux beaucoup de monde. Un troisième festival institutionnalisé récemment par le département de Mme Toumi viendra ces jours-ci donner sa première édition nationale. Il s'agit de la poésie féminine. Du moins dans ce genre de rencontre, la foule n'aura que rarement «débordé» à Constantine sauf dans des cas assez précis où les intentions s'avèrent concluantes en affairisme «culturel». De l'avis du directeur de la culture de la wilaya, M. Nettour, la nécessité de bâtir une aire de spectacle d'une capacité de 1 200 places minimum est souhaitable dans le futur proche étant donné «l'impact engendré par les festivals de Dimajazz et du malouf qui ne cessent de drainer les mélomanes». Il faut jeter un regard à l'horizon. D'ici quelques années, Constantine agrandira son champ d'action culturelle attractive avec le malouf qui veut dépasser les frontières et le Dimajazz qui se fraye déjà un bon chemin dans une société avide de changement de sonorités. Toutefois, dire que la ville des Ponts est bornée dans le style andalous serait un leurre, mais aussi penser à ancrer le Dimajazz dans les racines du malouf en tentant des fusions, voire des confusions, comme l'atteste si bien un observateur, serait un tintamarre. Il n'empêche que ce néo-jazz resserre son petit monde dans cette cité. «Constantine n'est pas seulement la ville du malouf. Sa population est partagée entre plusieurs styles. Cela a été confirmé dernièrement par l'organisation du spectacle Toyour el djenaa (les Oiseaux du paradis), ayant eu lieu au théâtre de Verdure. En même temps, le malouf retentissait au TRC, mais le public avait rempli les deux lieux», souligne notre interlocuteur qui reste ouvert à toute action culturelle et artistique en dépit de la «critique» dont il a fait l'objet «en ayant sollicité» la ministre de la Culture à institutionnaliser Dimajazz, lors de la première édition du malouf, l'année dernière. Par ailleurs, nous apprenons que la tutelle accorde un budget conséquent à la direction de la culture, il avoisine les 200 millions. «C'est une manne qui a pratiquement triplé durant ces deux dernières années», se félicite Nettour. Il faut savoir cependant que la prise en charge des différentes activités culturelles est assurée à moitié par la wilaya organisatrice. Constantine, avide de manifestations et d'animations, notamment en période estivale, «bouffe» toute tentative artistique capable de distraire une population sans aires de détente… C'est ainsi que les festivals institutionnels et les animations associatives tendent vers une seule nuance.