Théâtres en ruine, cinémas délabrés, musées vides. D'aucuns connaissent l'état catastrophique dans lequel se trouvent les infrastructures culturelles du pays. Cette situation est le résultat de l'absence d'une politique culturelle et d'une gestion archaïque des affaires culturelles. Malgré cette triste réalité, le ministère de la Culture a engagé une entreprise incompréhensible qui n'obéit à aucune logique, si ce n'est celle de l'improvisation, de l'amateurisme et de la gabegie. Il a lancé plusieurs chantiers pour la construction de grandes infrastructures culturelles. Ainsi, un organisme nommé Agence nationale de gestion des réalisations des grands projets de la culture (ARPC) a été créé, essentiellement pour gérer la réalisation des infrastructures culturelles conformément au dossier technique élaboré par le ministère de la Culture et pour élaborer des cahiers des charges et lancer des appels d'offres. Depuis sa création en 2007, l'ARPC gère 9 grands projets, notamment celui de l'Opéra d'Alger, de la Bibliothèque arabo-sud-américaine, du Grand Musée de l'Afrique, de la Grande salle de spectacles d'Ouled Fayet, ou encore le projet du Centre arabe d'archéologie. Sept années après sa création, aucun des 9 projets n'a encore été livré. Soit. Si sur le papier ces projets peuvent paraître impressionnants, il n'en demeure pas moins qu'une fois bâtis, le problème de leur gestion va sérieusement se poser. En effet, alors que les structures culturelles déjà existantes font face à des difficultés majeures dues à une gestion défaillante, des infrastructures de la taille de l'Opéra d'Alger vont se transformer, sans doute, en coquilles vides, comme le sont devenus, soit dit en passant, les fameux «locaux commerciaux du président de la République» qui ont obéi dans leur création à la même logique volontariste. «Aveugle et a mis le khôl !», dit le proverbe. Extrêmement budgétivores, ces grandes structures ne survivront pas à la moindre baisse dans le budget de la culture en Algérie, estimé à environ 500 millions de dollars en 2013. Pour rappel, la baisse du budget dédié à la culture qui a fait suite à la crise économique internationale a coûté à des pays comme les Pays-Bas, l'Espagne ou encore la Grèce la fermeture de plusieurs orchestres, comme le chœur de la radio-télévision grecque, l'Orchestre de chambre de la radio néerlandaise, ou encore de l'Orchestre symphonique de Majorque.