Le miel est un aliment nutritif riche en sels minéraux. Il contient aussi beaucoup de vitamines nécessaires au bon fonctionnement du métabolisme. Cependant, il s'avère difficile de distinguer le vrai miel du faux. Tout estivant en quête de fraîcheur et de villégiature à Tikjda, sur les hauteurs de la chaîne du Djurdjura, a dû sûrement croiser des vendeurs de miel. Ces derniers proposent le produit dans des pots de couleur jaune à couvercle vert, d'environ un kilogramme, sans aucune étiquette sur son origine. Pour plus de crédibilité, un morceau de cire est mis dans le pot. Un pot d'environ 1 kilogramme au prix de 4000 da au départ. Avec les réductions, il est cédé à 1000 DA, voire moins, alors que sur le marché son coût dépasse les 4000 Da. «C'est du miel des ruches sauvages, cueilli dans les forêts. Regardez les cicatrices sur mon corps, la cueillette est très difficile», dira un vendeur. Un échantillon dudit miel a été présenté à un apiculteur spécialisé, Arezki Chibane. Biologiste de formation, sa thèse de fin d'étude était dans le domaine apicole. Il affirme qu'il est trafiqué, parce qu'il connaît son origine. Un village qu'il n'a pas voulu citer. «Avec les nouvelles méthodes d'arnaque, il est très difficile voire impossible de reconnaître le vrai miel de l'impur. Une seule méthode reste l'analyse de pureté dans un laboratoire», dira-t-il. Selon lui, le trafic se fait à grande échelle et sans aucune crainte de représailles. «Le trafic commence avec le nourrissement des ruches au moment de la miellée, soit avec des sucres ou avec de la pâte de dattes. Dans les deux cas, on obtiendra un miel impur. On s'aventure à chauffer le miel à des températures élevées pour éviter la cristallisation. Cette méthode détruit les enzymes naturelles contenues dans le miel. Malheureusement, les rôles se sont inversés. La cristallisation qui est une propriété physique naturelle du miel est mal vue à cause des charlatans qui chauffent le miel.» Il faut savoir aussi que l'unité de mesure du miel est le kilogramme et non pas le litre. Tromperie sur la marchandise Un litre de miel peut peser entre 1200 à 1400 grammes, selon sa densité. «On vend un kilogramme de miel au prix du litre, c'est une arnaque. Les escrocs gagnent ainsi une marge de différence qui dépasse généralement les 1000 da ou plus», prévient notre interlocuteur. Un autre phénomène aussi dangereux et néfaste sur la production nationale du miel, c'est le miel importé d'Espagne. Des quantités énormes sont écoulées sur le marché. «Il est importé à un prix qui varie entre 600 à 800 da le kilogramme. Sur le marché national, il est vendu à 4000 da le kg, pourtant c'est un miel de qualité inférieure, voire de mauvaise qualité», estime l'apiculteur Arezki Chibane. Quant au miel du jujubier (sidr ou sedra) importé et présenté comme remède à toute maladie, là aussi il faut se méfier. «On arnaque les consommateurs au nom de la religion. On fait croire à ceux-là que le miel du jujubier a été conseillé par le Prophète pour guérir de toutes les maladies. Or, cela est faux, chaque qualité de miel est utile pour telle ou telle maladie, selon le Saint Coran, sourate An Nahl (Les abeilles), verset 69», explique notre interlocuteur qui lance un appel aux apiculteurs de veiller à protéger la santé des consommateurs lors du traitement des maladies qui touchent l'abeille, à l'exemple du Varroa. Les matières utilisées sont hautement dangereuses. De son côté, Nabila Kabli, chercheuse à l'Institut national de recherche agronomique d'Algérie (INRAA), est du même avis : «La méthode la plus sûre, c'est de faire des analyses pour identifier le miel de bonne qualité, telle que la présence de pollen, indicateur indiscutable, HMF qui vous donne une idée sur l'âge du miel (vieillissement) et si le miel a été chauffé, la teneur en eau, etc.», explique-t-elle. Or, cette option coûtera cher pour un acheteur de miel en petite quantité. Elle s'élève à près de 3000 DA. La chercheuse recommande aux consommateurs, pour un choix plus judicieux des miels, d'observer la bonne homogénéité des miels ; celle-ci reflète que ces derniers sont extraits convenablement et bien conditionnés. Nabila Kabli nous propose quelques conseils pour ne pas tomber dans le piège des arnaqueurs : pour l'achat du vrai miel, il faut se rendre directement chez l'apiculteur ou dans des salons et expositions apicoles ; éviter l'achat du miel non certifié dans les supermarchés ; connaître la traçabilité du miel. Pour cela, il faut éviter d'acheter les miels d'importation car leurs traçabilité est inconnue ; donc, il vaut mieux quand même acheter des miels produits localement. En conclusion, le consommateur doit s'orienter uniquement vers des apiculteurs dignes de confiance ou se fier aux laboratoires d'analyse.