La bande de Ghaza, à l'exception de la région de Rafah dans le sud, devait bénéficier d'une accalmie de 7 heures, décidée unilatéralement par l'occupant israélien. Ghaza De notre correspondant Les avertissements lancés par les factions palestiniennes sur la nécessité de ne pas faire confiance à ce genre d'annonce unilatérale, à travers les ondes des radios et les télévisions locales, se sont avérés fondés. En effet, quelques minutes avant l'entrée en vigueur de cette nouvelle trêve humanitaire, l'aviation israélienne a commis un autre crime dans le camp de réfugiés d'Eshaty, à l'ouest de Ghaza, en bombardant une maison sans avertissement préalable. La frappe a démoli la maison vétuste et beaucoup d'autres habitations voisines dont l'état n'était pas meilleur. Une fillette de 8 ans est morte et 30 citoyens ont été blessés dans ce raid qui a ciblé la famille Al Bakri. La frappe a eu lieu très loin des zones frontalières et sans qu'il y ait de tirs de roquettes contre l'Etat hébreu. Les observateurs ont considéré cette frappe comme un acte de provocation de l'armée israélienne dont l'objectif est de pousser les factions palestiniennes à répondre pour avoir ainsi un alibi à présenter à la communauté internationale pour poursuivre son agression sanglante. Ruse et crimes de guerre C'est exactement ce qui s'est passé, puisque plusieurs roquettes palestiniennes ont été tirées sur quelques régions israéliennes. De fait, il ne restait donc de la trêve que le nom. La suite logique est facile à deviner. L'agression, ou plutôt le massacre a repris de plus belle. Hier, dans plusieurs régions de l'étroite et pauvre bande côtière, 18 Palestiniens ont été tués. Israël a décidé cette courte trêve après avoir commis dimanche un massacre, le troisième du genre en 10 jours, en bombardant une école de l'UNRWA, l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens, dans la ville de Rafah. La localité a été soumise à un déluge de feu 72 heures durant. 10 citoyens, dont plusieurs enfants, ont été tués sur le coup et plus de 50 autres ont été blessés par des éclats de roquettes lancées par un drone israélien. «C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel», s'est indigné le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui est resté silencieux sur la Palestine ces derniers jours. Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, se sont dits aussi «consternés» par le «bombardement honteux». Sans désigner expressément Israël comme responsable, le secrétaire général de l'ONU et Washington ont souligné que l'armée israélienne était très bien informée de la localisation des réfugiés de l'ONU. Donc pas d'excuse possible. Mais cela n'a pas été dit en ces termes. Malheureusement. Deux massacres similaires ont été commis également par l'armée israélienne dans une école de Jabalia, et une autre de Beit Hanoune, dans le nord de l'enclave palestinienne, avec près de 40 morts et plusieurs centaines de blessés. Comme à Rafah, le seul hôpital dont la capacité d'accueil n'excède pas 50 lits, a été fermé après avoir été bombardé par l'artillerie israélienne, les blessés ayant été évacués vers un petit hôpital privé qui ne dispose pas de moyens adéquats pour faire face à la catastrophe. Les blessés sont soignés dans les couloirs, alors qu'en l'absence de morgue, les cadavres de civils palestiniens sont déposés dans un petit entrepôt, en attendant que leurs proches viennent les prendre pour les enterrer. 32 cadavres ont été retirés de sous les décombres des maisons détruites à l'est de Rafah et dans d'autres régions de la bande de Ghaza. Israël cible aussi les cimetières Au cours de cette agression contre Ghaza qui semble sans fin, l'armée israélienne ne respecte ni les vivants ni les morts. La preuve, elle a bombardé dimanche après-midi le cimetière de Rafah, alors que les gens s'apprêtaient a enterrer une trentaine de personnes tuées le même jour et la veille. Une grosse panique s'est emparée de la centaine de personnes venues assister à l'enterrement. Les gens ont dû laisser les dépouilles par terre pour se mettre à l'abri. Une fois le calme revenu, ils ont hâtivement accompli cette triste tâche, de peur d'être à nouveau ciblés par la machine de guerre israélienne. Au total, 1841 Palestiniens ont été tués et plus de 9370 autres ont été blessés depuis le début de l'agression. Et le massacre continue. Plus de la moitié des victimes sont des femmes et des enfants. Les habitants de Ghaza sont sans eau et sans électricité depuis une semaine. La seule station électrique de Ghaza a été bombardée. Par ailleurs, toutes les lignes israéliennes alimentant l'enclave palestinienne ont été détruites. Ghaza reçoit près de 60% de son énergie électrique d'Israël. Cette coupure radicale d'électricité a des conséquences dramatiques sur la vie quotidienne des citoyens qui souffraient déjà d'une pénurie chronique en courant électrique. Tout tourne au ralenti. Tout le monde en pâtit, même les hôpitaux. La majorité des Ghazaouis sont coupés du monde extérieur. Plus rien ne marche. Quand les groupes électrogènes s'arrêteront de tourner en raison d'un manque de carburant, la bande de Ghaza sera totalement isolée du reste du monde. Le manque de courant électrique a aggravé la crise humanitaire qui frappe la bande de Ghaza. Manque d'eau et maladies L'eau potable ne coule plus dans les robinets. Les gens sont forcés d'acheter de l'eau au prix fort pour étancher leur soif. Le manque d'eau commence à se répercuter gravement sur la situation sanitaire déjà précaire des centres d'accueil de l'UNRWA, où s'entassent plus de 200 000 réfugiés. Les maladies de la peau et de l'appareil digestif, dues à une mauvaise hygiène, préoccupent les responsables palestiniens du ministère de la Santé, surtout avec le manque de médicaments qui s'est accentué durant cette sale guerre. Des cas de méningite ont aussi été signalés dans certains de ces centres. Le secteur de la santé menace de s'effondrer totalement au cas où les groupes électrogènes qui fournissent le courant électrique aux hôpitaux s'arrêtent de tourner. A la longue, les effets de la crise humanitaire pourraient s'avérer bien plus graves pour la population ghazaouie que l'agression militaire elle-même. Ce qui est marquant dans cette confrontation inégale, c'est la totale absence d'aide humanitaire internationale. Les aides insuffisantes reçues par les réfugiés sont le fruit d'initiatives locales. L'ONU aussi ne fait rien alors que la catastrophe humanitaire est bien réelle.