La note de conjoncture de la Banque d'Algérie, détaillant la situation financière du pays au premier trimestre 2014, remet au goût du jour les problèmes structurels dont souffre l'économie nationale. L'Algérie renoue avec les déficits, dont le calcul est intimement lié à la situation des marchés pétroliers et au niveau des cours de brut. En un mot, faute d'une économie de substitution aux hydrocarbures, l'édifice Algérie tient au seul fil d'un capricieux prix de pétrole. Lequel prix est variable selon l'offre et la demande de pétrole, les tensions géopolitiques et l'état de santé de l'économie mondiale. En termes plus simples, l'Algérie n'a aucune emprise sur son économie, étant donné que celle-là est liée à la valeur d'un baril de pétrole, déterminée souvent par des facteurs exogènes. Facteurs aggravants : la production pétrolière algérienne traîne toujours lamentablement la patte, à l'heure où les marchés internationaux promettent une dégringolade des cours sous l'effet de l'arrivée de nouveaux fournisseurs, dont les USA. Les cinquante années de vie de la République auront permis l'affermissement de l'Etat rentier. La marge de manœuvre économique du pays est mince : l'économie algérienne dépend à 98% de l'exportation d'hydrocarbures, la superficie économique est dominée à 83% par les petits commerces et services, tandis que la sphère informelle monopolise 50% de cette superficie. La contribution de l'industrie au PIB national est passée de 15 à 5%. Les années du pétrole cher (2000-2014) n'ont pas été à même de construire une économie de substitution à la rente pétrolière. Le bon usage de l'argent du pétrole faisait cruellement défaut. Tout comme la bonne gouvernance économique. Les recettes générées par Sonatrach de 2000 à 2013 ont atteint 700 milliards de dollars, si l'on se réfère aux statistiques de la Banque mondiale. Le montant des devises rapatriées par l'entreprise durant la même période se chiffrait à 500 milliards de dollars. Suivant une déduction mathématique, plus de 1000 milliards de dollars ont alimenté les caisses de l'Etat depuis la création de Sonatrach, dont environ 800 milliards de 2000 à 2014. La gestion de cette cagnotte s'est faite dans les bureaux les plus étroits du régime. Les institutions de l'Etat chargées de l'analyse de l'information statistique ont produit des perspectives macroéconomiques artificiellement «stables et positives». Le rapport trimestriel de la Banque d'Algérie lève le voile sur certaines vérités de la situation financière du pays : amenuisement de l'excédent de la balance commerciale, déficit du compte courant de la balance des paiements extérieurs, baisse des disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR), etc. Le pays va droit dans le mur.