Des robots assurent avec succès les traditionnelles courses de chameaux aux Emirats arabes unis, mettant fin au calvaire d'enfants jockeys qui étaient souvent arrachés à leur famille dans des pays pauvres et réduits à l'esclavage pour ce sport ancestral. « Au total 1075 enfants jockeys ont été rapatriés depuis la mise en cause en 2005 de l'utilisation des enfants dans les courses de chameaux et le lancement du programme de rapatriement », a annoncé l'adjoint du ministre de l'Intérieur émirati, le général Saïf Al Chaâfar. « Ce dossier relève désormais du passé », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse dimanche. Selon lui, d'autres enfants ont « certainement été rapatriés par leurs employeurs »sans que son ministère en soit informé. « Ces enfants venaient surtout du Pakistan mais aussi du Bangladesh, du Soudan, de Mauritanie et d'Erythrée. A leur retour, certains étaient âgés de huit à 11 ans », a précisé le général Chaâfar. Des enfants âgés d'à peine quatre ans étaient utilisés comme jockeys, pour leur légèreté. Certains étaient même affamés pour rester légers, selon leurs récits rapportés par le site internet de l'Unicef. « Des pères venaient aux Emirats avec leurs familles sous prétexte de travailler, puis livraient leurs enfants en bas âge à des organisateurs de courses » contre de l'argent, raconte le responsable. Un programme de rapatriement et de réhabilitation d'un coût de 10 millions de dirhams (2,7 millions de dollars), entièrement financé par les Emirats, est conduit en collaboration avec l'Unicef depuis 2005, a précisé le responsable. Souvent critiqués en Occident pour les terribles conditions auxquelles ces enfants étaient soumis par les propriétaires des chameaux, les Emirats ont — grâce à ce programme — été retirés début juin de la liste noire du Département d'Etat américain des pays pratiquant un trafic d'êtres humains. « Les Emirats ont réussi à appliquer la majorité des mesures destinées à empêcher des abus sur des personnes âgées de moins de 18 ans dans des courses de chameaux », a déclaré la représentante de l'Unicef pour le Golfe, June Kunugi, citée dimanche par le quotidien Gulf News. Depuis 2005, la loi émiratie interdit la participation de personnes âgées de moins de 18 ans et pesant moins de 45 kg. Les contrevenants sont passibles de peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison et/ou d'amende d'au moins 50 000 dirhams (13 700 dollars). Avec l'Unicef, l'Etat émirati a ouvert des foyers d'accueil et des centres de réhabilitation aux Emirats et dans les pays d'origine de ces enfants. Souffrant de malnutrition et de traumatismes, les ex-enfants jockeys y reçoivent un traitement médical et psychologique. Privés d'éducation, ils y apprennent aussi à lire et à écrire. « La majorité était entrée clandestinement aux Emirats et vendue. Leurs parents sont parfois inconnus et nous tentons de les retrouver avec l'aide de l'Unicef », selon le général Chaâfar. « Chaque course implique une cinquantaine de chameaux. Un enfant désarçonné serait certainement grièvement blessé par ces animaux », relève-t-il en précisant que « l'idée du robot » était « inspirée des voitures télécommandées ». Fabriqué en fibre de verre et pesant entre quatre et cinq kilogrammes, il allie « légèreté et robustesse ». Petites boîtes mécaniques, les robots sont enveloppés de tissu pour prendre la forme d'une poupée aux bras tenant les rênes. Un long fouet léger pendant d'une extrémité du robot flagelle l'animal pour qu'il accélère. Les Emirats restent le premier pays organisateur des courses de chameaux dans le Golfe, dotées chaque année de prix de 70 millions de dirhams (19 millions USD), selon une source de l'Unicef.