Selon une pétition adressée au Premier ministre et dont notre bureau a été destinataire d'une copie, des citoyens de Béni-Saf alertent Abdelmalek Sellal sur les méfaits de la commercialisation du sable de mer issu du dragage du port de pêche. Ils accusent l'opération de se faire d'une manière non respectueuse de l'environnement, d'autant qu'il y a derrière une affaire de gros sous. En effet, les pétitionnaires rappellent que, jusque dans les années 1970, le dragage s'effectuait non pas périodiquement mais continûment par une drague domiciliée au sein du port. Cette opération permettait de rejeter en mer le sable que les courants marins charriaient et qui faisaient que la passe du port et son plan perdaient de leur tirant d'eau, un handicap qui empêche les bateaux de circuler aisément et sans danger. Or le sable pompé actuellement l'est de façon ponctuelle et en quantités phénoménales sur une brève période sans être rendu à la mer. Cela n'est pas sans conséquences, comme constaté en d'autres sites de par le monde, expliquent les protestataires. Le cas de plages de sable au Liban devenues des plages de galets est rappelé en guise d'exemple. Or, assurent-ils, selon leurs observations, le même phénomène a commencé à se manifester sur la plage du Puits mitoyenne du port du côté ouest, une direction d'où viennent les courants marins entraînant le sable. Ainsi, la largeur et la longueur de la bande de sable se seraient rétrécies. Les riverains observent qu'un total linéaire de 400 m des bords extrêmes de la plage se serait dégarni en raison du dragage. Du coup, la question se pose de savoir si, après la disparition de la plage de Madagh, transformée sans raison économique valable en abri de pêche, et la pollution par les eaux usées de la plage de Sidi Boucif, celle du Puits ne serait pas la troisième de la wilaya à disparaître. Enfin, il est encore un très grave préjudice qui a échappé aux pétitionnaires, sachant que le sable extrait directement de la mer est impropre à la construction parce que chargé de sel. A cet égard, le seul sable de mer admis est celui qui a été lessivé durant des centaines d'années par la pluie comme celui des carrières. Or, le sable du dragage est revendu sur le marché sans avoir été lessivé et sans que l'acheteur le fasse avant son usage pour le mortier ou pour le béton. Ainsi, à la catastrophe écologique dénoncée par les pétitionnaires s'ajoute le risque pour les attributaires de logements construits avec un tel matériau.