Quelques heures avant l'expiration de la trêve, mardi à minuit, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a fait exploser le cessez-le-feu en demandant à la délégation menant des négociations indirectes avec les Palestiniens, au Caire, sous médiation égyptienne, de rentrer et en ordonnant à son armée de reprendre les frappes sur la bande de Ghaza. Le prétexte : trois roquettes tirées de l'enclave palestinienne sur le sud d'Israël. Des tirs non revendiqués par aucune des factions palestiniennes participant à la résistance armée. En moins de 24 heures, des dizaines de raids aériens israéliens, menés principalement contre des maisons et des habitations de citoyens, ont fait plus de 22 morts et des dizaines de blessés. Dernier bilan provisoire des victimes palestiniennes : 2039 morts et plus de 10 300 blessés. En quelques minutes, les scènes de chaos vécues par les Palestiniens de l'étroite et pauvre bande côtière, depuis le début de l'agression militaire israélienne le 8 juillet, se sont imposées de nouveau. Là où les avions frappaient, la mort, la destruction, la peur, le reflexe de survie, la résistance passive, le défi à une situation extrême dans laquelle certains venaient de tout perdre étaient toujours présents. La disparition lente des nuages de poussière soulevée par les explosions laisse découvrir à chaque fois les mêmes images. Des citoyens, hommes, femmes et enfants, courant dans tous les sens sans savoir vraiment où aller, le plus important étant de s'éloigner de l'endroit ciblé. D'autres, gisant sur le sol en gémissant, espérant des secours rapides. Des habitations pulvérisées, transformées en quelques secondes en tas de gravats et de ferraille. Des jeunes et des moins jeunes creusent à mains nues ces décombres dans l'espoir d'en retirer des survivants. Des cris sourds, des «Allah Akbar», une respiration haletante à la découverte d'un nouveau cadavre généralement déchiqueté. Des hurlements de sirènes d'ambulance venant de loin. C'est le quotidien des citoyens palestiniens depuis le 8 juillet. Les frappes aériennes israéliennes des dernières 24 heures ont touché plusieurs localités et camps de réfugiés de la bande de Ghaza. Tentative d'assassinat du redoutable Mohammed Deif En pulvérisant une maison de la famille Edalou, lundi soir dans le quartier Cheikh Redouane, à l'ouest de la ville de Ghaza, par cinq missiles air-sol, causant d'énormes dégâts dans le voisinage, Benyamin Netanyahu a cru enfin obtenir la proie qu'il cherchait depuis le début de l'agression. Une victime qui lui aurait permis cette fois de se présenter en vainqueur unique de sa confrontation avec le peuple palestinien de Ghaza. Il s'agit de Mohammed Deif, le chef des brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du Hamas, l'homme le plus traqué par les services de sécurité israéliens. Il a échappé à cinq tentatives d'assassinat. Dans un message diffusé par la chaîne de télévision du Hamas, où seule son ombre était visible à l'écran, Mohammed Deif avait défié, au début de l'agression, l'armée israélienne de pouvoir pénétrer dans la bande de Ghaza et lui avait promis d'y subir de grosses pertes. Des sources palestiniennes ont annoncé la mort de la femme et du fils de Mohammed Deif, un nourrisson de 7 mois à peine. Deux membres de la famille Edalou ont péri dans la même attaque. Mohammed Deif ne figure pas parmi les victimes. Les brigades Ezzedine Al Qassam ont étonné les Palestiniens autant que les Israéliens en réalisant des opérations militaires audacieuses, que ce soit dans des combats contre les forces israéliennes terrestres à l'intérieur de la bande de Ghaza ou derrière les lignes ennemies, en Israël même. Le drame qui s'est déroulé à Cheikh Redouane n'est pas le seul. Hier à l'aube, huit membres d'une même famille ont été tués dans le bombardement de leur maison à Deir El Balah, dans le centre de l'enclave palestinienne. Les autres victimes sont aussi des civils, surtout des femmes et des enfants. Une population meurtrie La détérioration de la situation sécuritaire s'est immédiatement transposée à la rue. Les activités et les déplacements des citoyens ont beaucoup diminué. Dès les premiers raids, lundi, les milliers de citoyens ayant regagné leur localité d'origine ou leur quartier, rasés par la machine de guerre israélienne les ont quittés de nouveau, à la recherche d'un abri. Ils ont préféré revenir aux écoles de l'UNRWA, l'agence onusienne pour l'aide aux refugiés palestiniens, malgré les mauvaises conditions de vie qui y règnent. De peur des maladies contagieuses apparues dans ces écoles en raison du manque d'hygiène et d'eau et du surnombre de refugiés, de la prise en charge médicale défaillante et d'une alimentation qui laisse à désirer, des milliers de Palestiniens ont préférés monter des abris de fortune près de leurs maisons détruites. Mais choisir entre les bombes et ces conditions, les gens n'hésitent pas beaucoup. Plus de 400 000 citoyens ont été forcés à l'exode depuis le 8 juillet. C'est le quart de la population de la bande de Ghaza. Ces foules de sans-abri attendent une aide conséquente internationale pour les aider à surmonter cette terrible épreuve. Leur non-assistance conduira vers une catastrophe certaine, plus grave encore que le drame résultant directement de l'agression israélienne. Sans électricité (6 heures de courant au maximum par jour), avec des hôpitaux débordés, un manque de produits alimentaires et des infrastructures de base détruites, c'est toute la population de la bande de Ghaza qui a besoin d'être secourue.