Le bilan provisoire s'élève à 1159 morts et 6700 blessés depuis le début de l'agression israélienne contre l'enclave palestinienne. Devant l'absence d'initiatives sérieuses visant à mettre un terme à l'agression, le massacre de civils par l'armée israélienne risque de se poursuivre longtemps encore. Ghaza De notre correspondant La nuit de lundi à mardi fut l'une des plus dramatiques et des plus violentes depuis le lancement de l'opération militaire israélienne «Bordure protectrice», dans la bande de Ghaza. Une intensification sans précédent des bombardements a entraîné la mort de dizaines de Palestiniens, en majorité des civils. L'aviation, l'artillerie et la marine de guerre israéliennes ont bombardé en même temps toutes les localités, y compris les camps de réfugiés. La situation a atteint le comble de l'horreur. Partout c'est la même image insoutenable de corps d'enfants, de femmes et d'hommes déchiquetés par les bombes israéliennes. Benjamin Netanyahu a transformé les rues de Ghaza en rivières de sang. Suite à un bombardement intensif, l'enclave palestinienne a été plongée dans l'obscurité. La seule station électrique de Ghaza venait d'être touchée. Israël veut tuer les Ghazaouis à petit feu. Situés au nord-ouest du camp de réfugiés de Nousseirat, les réservoirs de cette centrale, qui maintenaient encore en état de marche les hôpitaux, ont été atteints par plusieurs obus. Selon des sources officielles palestiniennes, la remise en état prendra plusieurs mois. L'enclave palestinienne, qui vivait déjà depuis 2006 une crise chronique en énergie électrique, va désormais tout droit vers la catastrophe. Bientôt les citoyens n'auront plus aucune goutte d'eau potable. Et ce n'est pas tout. Les risques d'inondation de quartiers entiers par des eaux usées sont réels, les stations de pompage et de traitement étant maintenant à l'arrêt. Cet état de fait va fatalement engendrer de graves problèmes de santé publique. La population entière est menacée par les épidémies. Malgré le désastre, l'armée israélienne a poursuivi ces dernières 48 heures ses attaques avec un rare acharnement. Dans l'après-midi de lundi, premier jour de l'Aïd El Fitr, les bombardiers israéliens ont commis un nouveau crime. Ils ont largué des bombes sur un jardin public, dans le camp de réfugiés d'Eshaty, à l'ouest de la ville de Ghaza. La majorité des victimes sont des enfants, en tout, une dizaine ont été tués. Quant aux blessés, ils se comptent par centaines. Un autre assassinat de sang-froid commis par Tel-Aviv : surpris par un bombardement, les quatre enfants de la famille Bakr ont été littéralement déchiquetés sur une plage alors qu'ils s'amusaient à courir derrière un ballon. Israël assassine des enfants de sang-froid Le bombardement a été effectué par un drone, avion espion sans pilote muni de caméras sophistiquées. Le gouvernement israélien ne peut invoquer aucune excuse. Il savait sur qui il tirait. Ce n'est pas la première fois que des attaques de ce genre ciblent des enfants. Comme toujours, fidèle à ses mensonges et aux grandes lignes de sa politique de désinformation, l'armée israélienne a refusé d'endosser la responsabilité de ce nouveau meurtre. Des enfants qu'au fond Israël ne considère pas comme des êtres humains. Il peut donc les tuer sans remords. Le gouvernement israélien a accusé la résistance palestinienne d'avoir commis ce carnage. Ce massacre est survenu juste après l'élimination par des combattants des brigades Ezzedine El Qassam, la branche armée du Hamas, lors d'une opération d'infiltration audacieuse derrière les lignes ennemies, de 10 soldats israéliens. L'opération du Hamas a eu lieu à l'est du quartier de Chedjaiya, où des centaines de Palestiniens ont été ensevelis sous les décombres de leurs maisons bombardées aveuglément par les chasseurs israéliens. Le meurtre d'enfants par l'armée israélienne fait penser à une ignoble opération de vengeance de Tel-Aviv. Cet assassinat fait des soldats israéliens des criminels en puissance. Quelques minutes pour fuir Cette escalade est survenue après une décision du cabinet de sécurité israélien d'intensifier et d'élargir les opérations militaires à toute la bande de Ghaza. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, resté sourd aux appels à l'arrêt des hostilités de la communauté internationale, a demandé aux Israéliens d'être patients, car l'opération va durer. Il veut encore faire couler le sang palestinien. Sitôt son avertissement lancé, l'armée israélienne a intimé, dans la soirée de lundi, à des dizaines de milliers de citoyens palestiniens habitant le quartier Ezeitoune, au sud-est de la ville de Ghaza et le camp de réfugiés de Djabalia, au nord de la bande de Ghaza, de quitter leurs maisons et de se diriger vers le centre-ville, sous peine d'être bombardés. Le camp de réfugiés de Djabalia, d'une superficie d'un kilomètre carré, compte plus de 100 000 habitants. Ils n'avaient que quelques minutes pour fuir. Des témoins rapportent qu'au début des bombardements aveugles, les gens ont commencé à courir dans tous les sens sans vraiment savoir où ils allaient. Mais la majorité des citoyens sont restés chez eux, préférant la mort à l'exode forcé. La maison d'Ismaïl Haniyeh, ex-Premier ministre du Hamas, a été réduite en cendres. Située dans le camp de réfugiés d'Eshaty, elle était vide au moment du bombardement. Israël s'en est pris aussi aux médias du Hamas. Les locaux de la chaîne de télévision et de la radio Al Aqsa ont été bombardés. La télévision a continué à diffuser, tandis que la radio a repris ses activités après quelques heures d'arrêt. L'armée israélienne, qui vise à étouffer davantage économiquement l'enclave palestinienne, a détruit deux usines. L'une produisait des boissons gazeuses, au sud-est de la ville de Ghaza, et l'autre des cartons, près du camp de Nousseirat. Absence d'initiatives pour faire taire les armes La marine de guerre israélienne a également pilonné intensivement le petit port de pêche de la ville de Ghaza. Plusieurs embarcations et des bâtiments de la Pêcherie de Ghaza ont été détruits. Des dizaines de maisons dans différents endroits de la pauvre enclave palestinienne ont été réduites en des tas de gravats et de ferraille. De nombreuses familles ont été endeuillées par la perte de plusieurs de leurs membres. La famille Ennajar, à Khan Younès, déplore 22 morts, tous tués lors du bombardement de leur habitation. Personne ne leur avait demandé de partir avant l'attaque. Hier, en début d'après-midi, Ouaddah Abou Amer, un dirigeant du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), sa femme et ses 5 enfants ont été tués dans le bombardement de leur maison à Khan Younès. Les pertes palestiniennes provisoires s'élèvent à 1159 morts et 6700 blessés. Mais le bilan est bien plus lourd en réalité. Des dizaines de personnes n'ont pas pu être retirées des décombres. Devant l'absence d'initiatives sérieuses pour mettre un terme à cette agression, le massacre de civils par Israël risque de se poursuivre longtemps encore. Au moment où nous mettons sous presse, les chasseurs F16 israéliens effectuaient de très violents raids à l'est de Ghaza. Des sources médiatiques locales font état de dizaines de victimes civiles. Toutes sortes d'armes et de munitions sont testés sur les Palestiniens. Les autorités israéliennes agissent comme si elles avaient en face d'elles une puissance militaire et non pas une population désarmée. Le pire est que le «monde libre» semble prendre plaisir à voir cette population désarmée se faire massacrer en live devant les caméras de télévision du monde entier.