En ces jours d'examen du baccalauréat, décisif pour l'avenir de milliers de jeunes Palestiniens, Israël décide d'envenimer l'atmosphère dans la bande de Ghaza. La machine de guerre israélienne opère depuis lundi une escalade qui s'est soldée par la mort de six Palestiniens en moins de 24 heures. Quatre d'entre eux sont tombés, lundi, dans un bombardement aérien près de la localité de Beit Hanoune au nord de l'enclave palestinienne. Les deux autres ont été tués, hier, près de la clôture de séparation à l'est du camp de réfugiés de Maghazi au centre de la bande de Ghaza. Toujours dans la journée d'hier, un drone israélien, avion espion sans pilote, a visé d'une roquette air-sol un autre citoyen, alors qu'il était sur une motocyclette près de la ville de Deir El Balah, au centre de la bande de Ghaza. Ce dernier a été évacué à l'hôpital des martyrs d'El Aqsa tout proche, dans un état jugé grave.Les services hospitaliers palestiniens ont annoncé que pas moins de huit autres citoyens avaient été blessés dans ces agressions qui ont visé différents endroits de l'enclave palestinienne. L'armée israélienne a accusé toutes ces victimes d'implication dans des attaques armées contre l'Etat hébreu, commises à partir de la bande de Ghaza. L'armée israélienne a décrété l'état d'urgence dans les localités israéliennes limitrophes de la bande de Ghaza. Des directives ont été données aux colons les sommant de rester près des abris et des chambres fortifiées à l'intérieur de leur domicile. Par ailleurs, les brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas, a revendiqué les tirs de plusieurs missiles de types Grad contre le territoire israélien. Cette escalade militaire israélienne a commencé parallèlement suite à un attentat commis, lundi, par des éléments armés, en territoire israélien, contre un convoi d'ouvriers israéliens travaillant à la construction de la clôture frontalière avec le Sinaï égyptien. Cette attaque non revendiquée, dont les auteurs n'ont jusqu'à maintenant pas été identifiés, avait fait un mort du côté israélien. Selon l'armée d'occupation, deux éléments armés ont été tués dans l'accrochage armé qui a suivi alors qu'un troisième a réussi à regagner le territoire égyptien. Risque d'embrasement «Trois terroristes armés ont pénétré en Israël à partir de l'Egypte et attendaient du côté israélien», a déclaré la porte-parole de l'armée israélienne, Avital Leibovich.Les véhicules ont été touchés par un engin explosif et par des tirs de RPG et de kalachnikov. L'un d'eux s'est renversé, provoquant la mort d'un ouvrier. «Au cours de l'accrochage, deux terroristes ont été tués. L'opération était très probablement dirigée contre des citoyens israéliens et les travailleurs construisant notre barrière de sécurité à la frontière égyptienne», a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, cité par un communiqué officiel. Le gouvernement israélien a exhorté l'Egypte à reprendre le contrôle du Sinaï. Selon lui, depuis la chute de Moubarak en février 2011, l'Egypte y a perdu le contrôle sécuritaire. «La situation dans le Sinaï est devenue un problème de sécurité, et ce qui s'est passé aujourd'hui constitue une nouvelle étape dans l'escalade (...) Il s'agit d'un grand défi» pour le président issu de l'élection de ce week-end, a affirmé le vice-Premier ministre israélien, Shaul Mofaz, espérant arriver à «un dialogue sécuritaire entre militaires et Egyptiens». Est-ce un discours israélien qui cache une volonté d'escalade plus large encore qui viserait aussi le Sinaï égyptien ? Avec l'arrivée plus que probable de Mohammed Morsy, le représentant des Frères musulmans à la présidence égyptienne, les positionnements de chars israéliens près de la frontière avec l'Egypte en contradiction avec le traité de paix israélo-égyptien ne peut être que le prélude à de grands événements qui risquent, une nouvelle fois, de changer la face de toute la région du Moyen- Orient. Territoire vaste et peu peuplé, il faut croire que le Sinaï fascine toujours autant les Israéliens qui n'ont jamais laissé tomber leur politique expansionniste.