Le Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (MAMA) fait sa propre rétrospective avec l'exposition «Genèse d'une collection» inaugurée le 16 août. Retour sur sept ans d'acquisitions de chef-d'œuvres de l'art algérien. Comment un musée constitue-t-il sa collection ? L'exposition qui se tient actuellement au MAMA y répond avec quelque 250 œuvres tirées de sa collection, qui en compte le double. Etalée sur deux nivaux, l'expo donne à voir les plus belles toiles de cette riche collection. Les sources d'acquisition sont diverses. Beaucoup proviennent de généreux donateurs tels que Mustapha Inal qui a cédé une bonne partie de sa collection au musée. On y trouve des œuvres des précurseurs de l'art contemporain algérien, à l'image de M'hamed Issiakhem, dont on découvre les illustrations des pièces théâtrales de Kateb Yacine. Des artistes plus récents y figurent également en bonne place, comme Slimane Ould Mohand ou encore le tout jeune Mehdi Djelil. Les grands événements culturels rapportent aussi leur moisson d'acquisitions. C'est le cas du Cinquantenaire de l'indépendance (2012) ou d'Alger capitale de la culture arabe (2007). Marque de fabrique de l'ère Toumi, ces grand- messes culturelles (auxquelles on reprochait justement le peu de retombées) ne seront finalement pas passées en vain. Pour parfaire sa collection, le MAMA a effectué d'importants achats, à l'image des toiles de Baya, artiste incontournable de la peinture algérienne. Sa peinture brute et colorée avait suscité l'admiration d'Andrée Breton, chef de file du mouvement surréaliste. Baya Mahieddine avait également pratiqué la sculpture auprès de Pablo Picasso. Le MAMA a d'ailleurs acquis quelques beaux exemplaires de ces sculptures. Outre l'achat des œuvres, un des moyens d'enrichir la collection est la mise en dépôt. Ce type de contrat permet à l'artiste (ou à ses ayants droit) de confier les œuvres au musée tout en en conservant la propriété. C'est par ce procédé que le MAMA a acquis une étonnante collection de gravures signées Mohamed Louaïl. Toujours à l'affût de nouvelles créations, la collection du MAMA affiche un bon nombre de toiles d'artistes toujours en activité, comme Rachid Koraïchi, Moussa Bordine, ou Rachid Djemaï. De plus, chaque exposition organisée par le musée est une occasion pour enrichir sa collection. Au fil de notre visite au MAMA, on revient sur des événements organisés par le passé. Des toiles et gravures du regretté Lazhar Hakkar rappellent sa rétrospective qui s'était tenue jusqu'en février 2013, soit quelques mois avant sa disparition. Des œuvres de Gundmundur Gudmunsson Erro ou de Bernard Rancillac reviennent, quant à elles, de la grande exposition de 2008 sous le thème «Les artistes étrangers et la révolution algérienne». Le Festival international d'art contemporain (FIAC), qui se tient chaque année depuis 2009, laisse aussi de belles traces dans la collection. C'est le cas de «H-Out» de Zinedine Bessaï. Cette drôle de carte du monde vue par un candidat à l'émigration clandestine avait marqué la troisième édition du FIAC. On la retrouve au musée grâce à un don de l'artiste. L'exposition «Genèse d'une collection» permet finalement de prendre conscience du travail souterrain effectué par le musée pour constituer une collection digne de représenter l'art moderne et contemporain algérien. Pour mieux naviguer parmi les toiles, des audioguides seront bientôt disponibles, annoncent les organisateurs. L'expo se poursuit jusqu'au 30 septembre.