La décision prise en date du 10 juillet 2006 par le ministre de la santé d'invalider le résultats des élections du Conseil national de l'Ordre des médecins du 26 juin 2006 prouve, une fois de plus, que ce dernier est déterminé à parachever le renouvellement des instances ordinales dans la transparence et le strict respect des dispositions légales et réglementaires. Il est à rappeler que le ministre de la santé n'a pas hésité à invalider les résultats des élections du Conseil de l'Ordre de la région de Batna, suite à des recours introduits par des médecins de la wilaya de Biskra. L'invalidation, en moins de deux mois d'intervalle, par le ministre de la santé de deux scrutins organisés par sa propre administration est, contrairement à ce qu'on pourrait penser, un signe de bonne santé, tant qu'il traduit une rigueur, une volonté, voire une détermination du ministre à faire prévaloir le droit et doter le corps médical d'un Ordre national issu d'élections au-dessus de tout soupçon. Permettre à quelque 50 000 praticiens d'élire 36 conseils régionaux et trois conseils nationaux n'est pas chose aisée. De l'avis général, les élections se sont déroulées très correctement et ce ne sont pas quelques insuffisances ou irrégularités, somme toute possibles dans tout scrutin, mais vite reconnues et radicalement corrigées, qui remettront en cause la crédibilité de l'ensemble du processus électoral de renouvellement des Instances ordinaires. décision du ministre, tout à son honneur et à celui de son administration, participe quelque peu et quelque part à renforcer la perception d'un Etat de droit. Nous sommes d'ailleurs persuadés qu'il n'hésitera pas à en faire de même s'il lui apparaissait que les élections prévues le 7 septembre feraient l'objet d'irrégularités ou de velléités de perversion ou de récupération de quelque nature qu'elle soit. L'invalidation des élections, pour inattendue qu'elle fut, s'est révélée salutaire pour l'avenir immédiat de l'Ordre des médecins, tant il apparaît d'une première analyse des résultats que ce dernier allait être fourvoyé dans un clanisme et un régionalisme de mauvais aloi, indigne d'une institution censée défendre la morale et l'éthique médicale. A dire vrai, elle a été secrètement souhaitée par nombre de médecins et quelques présidents de régions. Leur report pour début septembre nous donne un répit et nous permet de mieux affiner l'analyse des résultats, afin d'y opposer une conduite à tenir appropriée et prévenir dans la mesure de nos moyens une telle dérive. Le Conseil national et le bureau tel que concocté lors d'une réunion semi-clandestine dans la soirée du jeudi 6 juillet 2006 à Tébessa par les présidents des conseils régionaux de Batna, Alger, Annaba, Sétif, Constantine, avec le soutien du président de la région de Ghardaïa, n'avaient rien de nationaux et devaient épouser les contours de ces régions. La région de Béchar, représentant 4 wilayas du sud-ouest algérien (Béchar, Naâma, Adrar et Tindouf) a été déclarée indigne d'être représentée au Conseil national et n'a donc aucun représentant. L'ouest algérien est largement sous représenté avec à peine 6 représentants sur 48 ; le président du conseil d'Oran, selon les aveux d'un membre de cette coalition, devait même passer à la trappe, n'eut été sa notoriété et une bonne dose de baraka qui lui colle à la peu. La part du lion revient à quatre régions (sur les douze du pays) de l'est du pays, Batna, Annaba, Constantine et Sétif raflant près de la moitié des sièges et à la région d'Alger qui s'empare de sept sièges sur les seize obtenus par les trois régions du centre. Ce déséquilibre flagrant n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une stratégie concoctée par les autoproclamés décideurs et faiseurs de roi. De tels agissements sont un manquement à l'éthique et à la morale. Ils constituent une réelle menace sur le représentativité et la crédibilité de l'Ordre national des médecins, nonobstant les motivations réelles et autres deals ayant prévalu dans cette démarche contre les intérêts supérieurs de la profession et de la corporation médicale. Il faut, toutefois, reconnaître que tout cela a été facilité par le vide juridique existant au niveau du code électoral qui ne prévoit pas une représentation minimale de toutes les régions et équilibrée entre elles. Il est impératif que toutes les régions soient représentées et de façon proportionnelle à leur importance. Il appartient au ministère de la santé, plus précisément à la commission nationale chargée de l'organisation des élections, de faire les propositions adéquates afin de combler ce vide juridique mais également et surtout aux membres des conseils régionaux formant le corps électoral, d'assumer leurs responsabilités afin d'éviter la répétition d'un mauvais scénario. Il y va de la crédibilité et de la pérennité d'une institution incontournable dans la moralisation de l'exercice d'une profession à vocation hautement humaniste, au seul bénéfice des patients et de la profession. L'auteur est Président du Conseil régional de l'Ordre des médecins de Blida