Israël l'a voulue une nuit de terreur dans l'enclave palestinienne, particulièrement dans la ville de Ghaza. Des bombardements intensifs de tours d'habitation dans le quartier paisible d'Ennasr, a l'ouest, et dans le centre ville de Ghaza ont fait de la nuit de lundi a mardi une des plus particulieres depuis le debut de l'agression israelienne contre l'enclave palestinienne, le 8 juillet passe. Le groupement de tours d'habitation du quartier Ennasr, constitué de 4 batiments de 16 étages, avec 100 appartements de luxe, ainsi que des dizaines de magasins et de cafés, est l'un des sites les plus célèbres dans la ville de Ghaza. Beaucoup de gens s'y rendaient pour faire des achats dans des magasins huppés, de vêtements, d'appareils électro-ménagers, de téléphones portables et même de meubles, ou pour se retrouver entre amis, prendre un café et fumer un bon narguilé. Le coin était connu pour sa tranquillité. Le «groupement italien» tient son nom de la société italienne qui l'a réalisé au début de l'installation de l'Autorité palestinienne dans les territoires en 1994. Il a suffi de quelques minutes et de 4 raids aériens consécutifs menés par des avions israéliens de chasse de type F16 pour le transformer en une petite montagne de gravats, de masses de béton et de ferraille. Les explosions qui ont commencé juste après minuit ont été entendues à des kilomètres à la ronde. Elles ont déchiré la nuit obscure, provoquant une grande peur chez les citoyens de la ville de Ghaza. Les maisons ont vibré à des centaines de mètres alentour. Les vitres des maisons et des appartements dans les bâtiments voisins ont éclaté. Les portes ont été défoncées par le souffle des explosions très fortes cette fois. L'absence d'électricité rendait l'atmosphère plus inquiétante encore. Vingt-cinq citoyens, dont la moitié sont des secouristes, des ambulanciers, des journalistes ou des citoyens, ont été blessés soit par des débris de verre ou des gravats. Les résidants dans le «groupement italien» avaient évacué les lieux quelques minutes seulement avant l'attaque. En guise d'avertissement sur l'imminence d'un bombardement plus fort, un drone avait ciblé les tours avec une petite roquette. Le scénario est devenu habituel à Ghaza. S'il s'agit d'une petite habitation, le bombardement par les avions de chasse survient après 10 minutes, cette fois l'attaque a été déclenchée 30 minutes après. «J'ai perdu ma source de revenus, le cafe Soltana, dont je suis propriétaire depuis plus d'une dizaine d'années. Il faisait vivre 6 familles au moins. C'est tout ce que je possède. Israël veut nous affamer pour nous faire plier. C'est l'un des endroits les plus tranquilles de la ville, il n'y avait aucune raison de le démolir de la sorte», dit d'une voix étranglée par la tristesse mais aussi par la colère Abou Mahmoud, rencontré le lendemain près de ce qui reste du «groupement italien». Aucune justification concernant cette grande destruction n'a été donnée par l'armée d'occupation israélienne. Moins d'un kilomètre plus loin, près du centre-ville, hier à l'aube, un immeuble de 12 étages avait subi le même sort. Là aussi des dizaines de familles se sont retrouvées brusquement à la rue. L'immeuble Al Bacha abritait, entre autres, la voix Al Chaab, une radio locale du Front populaire de libération de la Palestine. C'est la deuxième fois en 48 heures que l'aviation israélienne prend pour cibles des immeubles et des tours d'habitation. Al Dhafer, une tour de 14 étages située dans le quartier résidentiel de Tal Al Haoua, a été pulvérisé par des avions F16 dans la nuit du 24 août. Est-ce un objectif non déclaré de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza : démolir le plus de maisons et d'habitations pour pousser la population à quitter le territoire à la recherche d'une tranquillité perdue, même après la fin de cette agression ? Ou sont-ce les dernières balles d'un ennemi dont la banque de cibles ne comprenaient que des sites et des personnes civiles. Des déclarations de responsables, membres de la délégation palestinienne unifiée, faites hier, indiquaient que les négociations indirectes avaient abouti et qu'un accord de trêve est prêt. Il sera annoncé dans les prochaines heures. Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas, a donné l'information sur sa page facebook. L'accord est «une victoire pour la résistance et l'heure exacte de l'entrée en vigueur de la trêve sera précisée plus tard», a indiqué le dirigeant du Hamas. Le président Mahmoud Abbas devait annoncer, à l'ouverture d'une réunion de la direction palestinienne prévue, hier aussi à 18h (16h GMT), les détails de cet accord qui prévoit notamment «la levée du blocus de la bande de Ghaza» imposé par Israël depuis 2006. C'est là la principale exigence des Palestiniens, a précisé un haut responsable sous couvert de l'anonymat. A l'heure où nous rédigeons ce papier, Israël n'avait pas annoncé sa position officielle sur une éventuelle cessation proche des hostilités. L'Egypte, intermédiaire dans les négociations indirectes entre les Palestiniens et les Israéliens, et qui refuse de voir échouer ses efforts en vue de l'élaboration d'un cessez-le-feu qui mette un terme à l'effusion de sang palestinien, a continué à œuvrer malgré la poursuite des bombardements israéliens dans la bande de Ghaza. Elle avait appelé Palestiniens et Israéliens à cesser le feu lundi à minuit. Un appel accepté par les Palestiniens mais ignoré par Israël qui a continué à pilonner la bande de Ghaza durant toute la nuit de lundi à mardi. Si le gouvernement israélien accepte le cessez-le-feu, il aura fait une concession, celle d'accepter une trêve sous les tirs de roquettes et de missiles palestiniens qui n'ont pas cessé jusqu'à la dernière minute. Un cessez-le-feu durable avec la levée du blocus et sans désarmement des factions palestiniennes est synonyme d'une victoire de la résistance et surtout de la population palestinienne, qui, avec plus de 2133 morts et 11100 blessés, en majorité des civils, n'a pas plié devant la redoutable machine de guerre israélienne.