Le Conseil français du culte musulman (CFCM) et de nombreuses organisations, représentant la communauté musulmane en France, ont lancé, mardi, l'«Appel de Paris» pour protéger les chrétiens d'Orient, notamment ceux de l'Irak et de la Syrie, qui subissent les atrocités et la barbarie de l'Etat islamique en Syrie et en Iraq (Daech). Paris De notre correspondant :
Le texte de l'appel a été préparé et cosigné avec la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (Chredo). Lors de la conférence du lancement de cette initiative, tenue à la Grande mosquée de Paris, les signataires ont qualifié leur appel de «texte fondateur sans ambiguïté qui aura un retentissement important auprès des musulmans et des chrétiens, en France, en Europe et en Orient». Ils y défendent «le droit inaliénable de leurs frères chrétiens d'Orient à rester et à vivre sur leur terre dans la dignité et la sécurité, et à pratiquer leur foi en toute liberté». Les mots utilisés dans ce texte sont forts: «des barbares sont en train de perpétrer les pires crimes contre l'humanité». Pour les rédacteurs de l'Appel, «sans ambiguïté, déclarent solennellement que ces groupes, leurs soutiens et leur recrues ne peuvent se prévaloir de l'Islam». Ils considèrent également que «les actes terroristes» dont sont victimes les chrétiens d'Orient ne menacent pas uniquement ces populations locales «mais aussi la stabilité et la paix entre les peuples de toute la région». L'appel de Paris souligne, en outre, que tous «ces agissements d'un autre âge, tout comme les appels inconsidérés au djihad et les campagnes d'endoctrinement des jeunes ne sont fidèles ni aux enseignements ni aux valeurs de l'Islam». Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris et président du CFCM, a parlé d'un «acte symbolique, fraternel, de solidarité» avec des «frères en Dieu» que sont ces chrétiens d'Orient. Dans ce sens, il a appelé toutes les mosquées de France et d'Europe à dire des prières, lors des prêches de vendredi (demain ndlr), «à la mémoire des chrétiens d'Orient, victimes de l'intolérance et de la barbarie». Une délégation de la Chredo sera accueillie symboliquement à la mosquée de Paris après la prière de vendredi. Les signataires de l'Appel de Paris ne veulent pas, néanmoins, se contenter de paroles. Ils veulent réagir concrètement. Ils comptent à cet effet organiser une conférence internationale, avant la fin de l'année. Selon eux, cette conférence regroupera «tous ceux, en Orient et en Europe, religieux et laïcs, gouvernements et organisations internationales, qui partagent ces valeurs de compassion et de convergence humaniste». Le gouvernement français, par la voix de son ministre de l'Intérieur et chargé des cultes, Bernard Cazeneuve, a salué dans un communiqué cette initiative qui «constitue un démenti apporté à ceux qui s'efforcent d'établir des amalgames entre le terrorisme et la religion musulmane, au risque de dresser les Français les uns contre les autres». Dans ce même sillage, les organisateurs attendent le soutien d'autres pays, particulièrement celui de l'Algérie. Approché par El Watan, Abderahmane Dahmane, président du Conseil des démocrates musulmans de France (CDMF), l'un des initiateurs de l'Appel de Paris, affirme que «l'Algérie apportera sûrement, par sa présence, son expérience et le soutien nécessaire afin de réussir cette conférence. L'Algérie est le pays qui a souffert le plus du terrorisme islamiste, et les Algériens ont affronté seuls ces barbares sans l'aide d'aucun pays». Malgré le bon écho que pourra susciter l'Appel de Paris, salué par plusieurs personnalités politiques et publiques en France, la presse française reste sceptique quant à l'efficacité de telles initiatives face à la machine destructrice de Daech.