La réunion tripartite d'aujourd'hui sera un tournant décisif pour les travailleurs. Outre les dossiers liés à l'amélioration du pouvoir d'achat et la protection de la production nationale, cette rencontre sera l'occasion pour la centrale syndicale d'expliciter sa position concernant le nouveau code du travail. Contesté par les syndicats autonomes qui voient en ce texte «un recul flagrant en matière d'acquis pour les travailleurs», le nouveau code du travail est également décrié par les fédérations de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Plusieurs présidents de fédérations du partenaire social «officiel» ont exprimé, à travers les médias, leur refus et leurs craintes quant à des dispositions qui effriteront en un laps de temps le résultat de plusieurs années de lutte et de militantisme. Cette tripartite est une étape de la préparation de l'adoption de ce nouveau texte qui sera bientôt débattu au Parlement. Ce texte décrié par les représentants des travailleurs suscite l'indignation des représentants de l'Ugta qui ont pourtant laissé passer sous silence plusieurs textes peu profitables aux couches défavorisées. Le projet de loi portant amendement du code du travail en préparation depuis plusieurs années, signera peut-être le début d'une fronde au niveau de l'UGTA. «Aucune des 29 fédérations de branches ni d'unions de wilaya ne tolèreront les dispositions apportées dans ce texte», ont expliqué à maintes reprises des présidents de fédération à El Watan, dont M. Takdjout de la fédération du textile. Ce responsable syndical s'est indigné contre le «recul honteux» que réaliserait l'Algérie concernant la stabilité sociale, la liberté de l'exercice du droit syndical et les acquis socioprofessionnels, si un pareil texte venait à être signé. Des anomalies ont été également relevées concernant la généralisation du Contrat à durée déterminée (CDD), alors que la loi oblige actuellement les employeurs au Contrat à durée indéterminée (CDI) après deux CDD. Le nouveau code en gestation prévoit aussi l'autorisation des enfants mineurs de 16 ans à travailler. Une bombe à retardement. Des craintes sont exprimées par les représentants des travailleurs concernant l'absence de moyens de contrôle et les moyens obsolètes dont disposent nos institutions pour empêcher tout abus de la loi. Le texte est considéré comme une atteinte «criante» au droit de grève qui se trouve ainsi «remis en cause» par des conditions visant à restreindre l'activité syndicale. Le rôle des représentants des travailleurs dans les différents conseils d'administration est réduit à un caractère purement consultatif. La centrale syndicale saura-t-elle être aussi explicite que ses organes locaux qui se disent déterminés à stopper ce projet de loi ? Pas si sûr, puisque depuis les premières publications concernant ce nouveau texte, aucune position claire n'a émané de la centrale syndicale invitée aujourd'hui à jouer un rôle purement protocolaire, face à un patronat en quête de plus en plus de facilitations fiscales et de bonnes conditions d'investissement. Les syndicats autonomes qui ont décrié un code «qui consacre la précarisation de l'emploi» sont tout bonnement exclus de ce rendez-vous.