Les modalités d'application de la mesure, ses répercussions sur les salaires ainsi que la reformulation du nouveau SNMG restent inconnues l Pis encore, l'ambiguïté concernant les bénéficiaires de cette décision est toujours de mise. Augmentation des salaires, abrogation de l'article 87 bis et redéfinition du SNMG. La 17e réunion tripartite, gouvernement-UGTA-patronat, tenue, jeudi dernier à Alger, a finalement maintenu le monde du travail dans le flou. Alors que les travailleurs s'attendaient à une clarification de la mesure portant abrogation de l'article 87 bis du code du travail, concernant le calcul du Salaire national minimum garanti (SNMG), et son impact réel sur le pouvoir d'achat, les trois partenaires ont décidé de faire durer le suspense. Les résultats de ce sommet ne diffèrent pas beaucoup de ceux annoncés à l'issue de la 16e tripartite, organisé le 23 février dernier. Il n'y a eu qu'une simple confirmation de la décision portant suppression de l'article 87 bis. Mais les modalités d'application de la mesure, ses répercussions sur les salaires ainsi que la reformulation du nouveau SNMG restent inconnues. Pis encore, l'ambiguïté concernant les bénéficiaires de cette décision est toujours de mise. Ce qui a ouvert la voie à diverses interprétations. Soucieux de l'image de son organisation, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, crie à «la victoire du syndicalisme pacifique». S'exprimant devant les journalistes à l'issue de la réunion, il s'est montré euphorique, toute en se gardant d'aborder le sujet en profondeur. «L'abrogation de l'article 87 bis, dont l'application entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2015, permettra une augmentation des salaires qui touchera l'ensemble des travailleurs de la Fonction publique et des secteurs économiques public et privé», a-t-il déclaré, estimant que cela est «le fruit du dialogue». Abdelmadjid Sidi Saïd a même improvisé des estimations sur le nombre de travailleurs devant bénéficier, dès le mois de janvier prochain, des augmentations de salaire. Quelle redéfinition du SNMG ? «Pas moins de 4 millions de travailleurs de ces catégories (1,2 million relevant de la Fonction publique et 3 millions des secteurs économiques public et privé) sont concernés immédiatement par cette augmentation», dit-il. Selon lui, cette mesure concernera aussi, et progressivement, d'autres catégories de la grille des salaires. Contrairement à l'optimisme du patron de l'UGTA, les membres du gouvernement se montrent plutôt prudents. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, parle, lui, d'une application graduelle de cette mesure. «L'abrogation de l'article 87 bis sera applicable graduellement à partir du mois de janvier prochain pour les catégories les plus défavorisées. Il ne faut pas trop charger le budget de l'Etat», a-t-il déclaré à l'ouverture des travaux de la tripartite. Pour sa part, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, évoque une redéfinition de l'article en question, sans évoquer son impact sur les salaires. «La tripartite a acté la suppression de l'article 87 bis du code du travail et la définition d'un nouvel article (...) se fera par la voie de la réglementation à l'issue d'un débat avec les partenaires», indique-t-il, à la fin de la rencontre. Ce que concède, discrètement, le secrétaire général de l'UGTA. «La redéfinition se fera sereinement entre les partenaires sociaux sur la base du nouveau code du travail», dit-il. Ainsi, les travailleurs doivent encore patienter, avant de découvrir la surprise que leur réservera le nouveau salaire de base. La nature des revalorisations salariales pour les catégories défavorisées reste la grande énigme de cette tripartite…