Les cris d'alarme se multiplient de par le monde. L'Unicef et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont appelé ce week-end à une mobilisation internationale pour sauver le peuple libanais, pris en otage depuis le début de l'offensive israélienne contre son pays le 12 juillet. Au dixième jour des bombardements israéliens « intensifs » contre le Liban, les provisions en nourriture et en médicaments ont nettement diminué. Une partie du pays est plongée dans le noir et sans approvisionnement d'eau. En plus d'avoir largué des bombes sur des habitations tuant des centaines de civils et blessant des milliers d'autres, l'aviation israélienne a détruit presque toutes les infrastructures routières, autoroutières, portuaires et aéroportuaires, isolant complètement le pays du Cèdre des autres nations limitrophes et bloquant ainsi le chemin aux opérations de secours et à l'acheminement des aides humanitaires. L'offensive militaire a également pilonné les infrastructures économiques, comme par exemple le bombardement lundi dernier de la première usine de lait au Liban. Les attaques israéliennes sont d'ailleurs assimilées par nombre d'observateurs à une véritable « opération d'anéantissement » du peuple libanais en l'affamant et le coupant du monde. Cette situation prend des allures « plus qu'inquiétantes », voire « catastrophiques », estime l'Unicef. Pas moins de 10 000 civils libanais, chrétiens et musulmans, se trouvent bloqués depuis six jours à Rmeich, village au Liban-Sud. Ils sont venus de cinq villages (Aïta ach-Chaab, Yaroun, Aïtaroun, Hanine et Aïn Ebel) pour se réfugier à Rmeich. « Leur situation est catastrophique. Je ne peux pas dire combien de temps ils peuvent tenir. Ils sont pratiquement sans eau ni électricité ni nourriture », a alerté un responsable de la Croix-Rouge libanaise, cité par des agences de presse. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a essayé d'obtenir un couloir sécurisé pour porter son assistance à ces habitants. En vain. La médiation n'a pas abouti. Les « puissances » du monde restent inertes par rapport à cette situation qui glisse vers l'irréparable. L'agression de l'Etat hébreu contre le pays du Cèdre a contraint, jusque-là, près de 600 000 Libanais à quitter leurs villages et maisons pour rejoindre des lieux moins soumis aux missiles israéliens. Cela représente près de 30% de la population libanaise, estimée à 3,5 millions de personnes. Au Liban-Sud, où il « pleut » toujours des bombes, la situation des civils est des plus critiques. Des dizaines de milliers ont fui cette partie du Liban, considérée comme la principale base des milices du Hezbollah. Le chef de la majorité parlementaire libanaise, Saad Hariri, a fait part de son inquiétude quant au sort de son peuple en appuyant le chiffre selon lequel plus d'un demi-million de Libanais ont été déplacés en moins de cinq jours, à cause de l'intensification des bombardements israéliens contre le Liban. Il a qualifié cette offensive de « massacre » en précisant que ces « déplacés » se trouvent actuellement dans un état des plus dramatiques, sans maison, ni lit pour dormir, ni lait pour les enfants, ni médicaments pour les blessés. Un corridor humanitaire, souhaité par la France pour permettre aux civils de fuir les combats, est plus qu'urgent, a estimé M. Hariri. Le CICR a parlé de 100 villes et villages libanais qui ont été pilonnés par l'armée israélienne. Quelque 30 000 déplacés venant du Liban-Sud, dont 40% d'enfants et de vieillards, se trouvent depuis hier à Saïda, sans aucune assistance. 6% d'entre eux sont de grands malades tandis que 2% sont des femmes enceintes. La destruction des infrastructures routières a réduit les capacités d'action des organisations humanitaires internationales présentes à Beyrouth.