Le champion olympique Taoufik Makhloufi, qui retrouve progressivement son meilleur niveau après un passage à vide dû à des ennuis de santé et des erreurs tactiques, se confie à El Watan sur ses objectifs. - Quel bilan faites-vous de la saison 2014 ? Mon bilan a été positif, il intervient après plusieurs coupures dues aux ennuis de santé. Je suis satisfait d'avoir signé un retour en force, comme en témoigne la médaille de bronze remportée sur 800m aux derniers championnats d'Afrique de Marrakech (Maroc). Ce retour a été bénéfique puisque j'ai réussi à battre deux records personnels (800m, 1'43''53 et 1500m, 3'30''40). Avec du recul je dis que j'aurais pu mieux faire n'étaient certaines erreurs que j'avais commises. - Il s'agit de quelles erreurs ? J'ai fait des erreurs techniques en enchaînant en début de saison quatre courses aux meetings (Doha, Shanghai, Eugène et Rome). Ces compétitions qui se sont transformées en aventure m'ont totalement usé. Car je n'ai pas tenu compte des décalages horaires et des longs voyages. A cause de ces erreurs j'étais contraint de faire une pause pour me ressourcer. J'ai laissé tomber les meetings et me suis consacré à nouveau à la préparation qui s'est déroulée en altitude. Pour moi, c'était la solution pour retrouver les véritables sensations de la compétition internationale. Après 3 mois sans compétition, j'ai fini par retrouver progressivement le rythme et le moral qui m'ont permis de terminer 3e aux championnats d'Afrique face aux spécialistes mondiaux du 800m. Quelques semaines plus tard j'ai renoué avec la piste internationale, en rempotant le 1500m du meeting de Bruxelles (5 septembre) devant les meilleurs spécialistes de l'épreuve. - Quelles sont vos relations avec votre nouveau manager, Jos Hermens ? J'avoue que mes relations avec mon manager, le Hollandais Jos Hermens, qui est un professionnel au sens large du terme, sont excellentes. Il m'a énormément aidé en effectuant récemment le bilan médical au niveau d'un centre basé en Hollande. Dieu merci les résultats des examens médicaux se sont avérés excellents. Sur ce plan je me suis libéré. - A quand la reprise des entraînements et avec quel coach ? Contrairement à l'an dernier, je vais enclencher ma préparation en novembre prochain au centre d'Aspitar à Doha. Ensuite, je vais poursuivre mon stage au Kenya ou en Afrique du Sud. L'entraîneur c'est toujours Ali Redjimi. Certains s'étonnent peut-être de ce choix, mais je leur dis que Redjimi avec qui j'ai découvert l'athlétisme, connaît fort bien son métier d'entraîneur. Sous sa conduite j'ai bien progressé. - Quel est votre objectif pour l'année 2015 ? L'objectif primordial reste les 15es championnats du monde qui auront lieu à Pékin du 22 au 30 août. A l'occasion de ces Mondiaux je vais viser le titre du 1500m. En hiver prochain je vais participer à deux ou trois courses en salle. Concernant la saison en plein air, je vais axer mes courses sur l'épreuve du 1500m. Histoire de bien me roder avant le jour ''J''. - Quant des athlètes réalisent des exploits, ils sont souvent «suspectés» d'avoir pris des produits dopants. Vous sentez-vous ciblé par ces critiques ? Effectivement. Je n'échappe pas à ce genre de critiques. Il y a des personnes jalouses chez nous et ailleurs qui ne cessent de douter de mes performances en les associant aux dopages. Après la médaille olympique d'or décrochée à Londres 2012, certains médias sont allés loin en déclarant à demi mot que j'étais dopé. Un journaliste de la chaîne de TV anglaise BBC, qui est un ancien athlète du demi fond anglais, m'a carrément accusé de m'être dopé. A Londres, cela m'a fait vraiment mal. Malgré ces dénigrements et accusations, je n'ai pas voulu traduire ces gens en justice. Je suis un athlète propre qui est en train de réussir sa carrière grâce à d'énormes sacrifices. C'est ça mon dopage. Je suis contrôlé par les médecins de l'IAAF lors des séances d'entraînement et en dehors (inopinés). D'ailleurs, il y des fois où je suis contrôlé deux fois par jour (matin et soir), même chez moi. Lorsque j'apprends qu'on me critique dans le dos, cela me stimule davantage pour me surpasser aux entraînements. C'est la meilleure réponse que je puisse donner à mes détracteurs. - Il y a quelques jours, le champion olympique du disque, l'Allemand Robert Harting, nominé par l'IAAF, a demandé de ne pas faire partie de cette liste à cause de la présence du sprinteur américain Gatlin (ancien sanctionné pour dopage). Quel est votre point de vue ? Je respecte l'avis du champion olympique allemand qui refuse que son nom soit inscrit dans la liste des nominés au côté de l'Américain Justin Gatlin reconnu coupable de dopage par le passé. - En avril 2015, vous aurez 27 ans. Avez-vous fixé la date de votre retraite sportive ? Pour le moment je n'ai fixé aucune date pour la retraite. Mais, incha Allah je mettrai un terme à ma carrière le jour où je n'aurai plus de force dans les jambes. D'ici-là je compte changer de distance. - Y a-t-il de la relève en Algérie sur 1500 m ? Il y a un grand athlète, à savoir Abderrahmane Annou, ancien vice-champion du monde junior du 1500m (2010) qui est une relève certaine. C'est un gâchis de perdre un tel athlète qui recèle un grand potentiel. Anou, qui n'a que 23 ans, mérite une réelle prise en charge. - Un dernier mot... Je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont aidé et soutenu dans les moments difficiles.