Le chef du gouvernement libyen, Abdallah Al Theni, a déclaré hier à Khartoum qu'il était prêt à engager un dialogue avec les milices antigouvernementales afin de régler la crise dans ce pays, «à condition qu'il y ait des concessions de la part de toutes les parties». «Nous ouvrons les portes du dialogue avec nos frères, à condition qu'il y ait des concessions de la part de toutes les parties», a déclaré M. Al Theni à des journalistes au terme d'une visite de trois jours à Khartoum. Le chef de l'Exécutif libyen n'a pas donné de précisions sur la nature des concessions. Mais il avait déjà répété, à plusieurs reprises, qu'il était prêt au dialogue à condition que les milices antigouvernementales livrent leurs armes. Le chef de la diplomatie soudanaise, Ali Karti, avait indiqué la veille que M. Al Theni avait «accepté un plan proposé par le président (soudanais Omar) El Béchir pour réunir les différents groupes libyens». La teneur de cette proposition sera examinée lors de la prochaine réunion dans la capitale soudanaise des pays voisins de la Libye, avait-il précisé. Fin août, la coalition de milices Fajr Libya s'était emparée de Tripoli à l'issue de plusieurs semaines de combats contre des forces progouvernementales, et y a installé un exécutif parallèle dirigé par Omar Al Hassi. Depuis, le gouvernement de Abdallah Al Theni a choisi de siéger dans l'est du pays, tout comme le Parlement élu le 25 juin. Début septembre, le cabinet de M. Al Theni avait accusé Khartoum de soutenir ses rivaux en Libye en leur livrant des armes, des allégations démenties par le Soudan. Hier, le président soudanais, qui s'exprimait aux côtés de M. Al Theni, a assuré que la visite du chef du gouvernement libyen marquait un retour «à la normale» des relations entre les deux pays. Depuis la chute du régime El Gueddafi en 2011, la Libye est livrée aux milices face à des autorités de transition faibles, qui n'ont pas réussi à mettre fin aux violences meurtrières qui ravagent le pays. Sur le terrain, les combats font toujours rage entre les deux belligérants. Au moins dix personnes ont été tuées hier dans la ville libyenne de Benghazi, portant le bilan des affrontements entre forces pro-gouvernementales et islamistes à plus de 200 en deux semaines, selon des sources médicales et militaires. Selon le porte-parole du chef d'état-major de l'armée libyenne, le colonel Ahmed Al Mesmari, «l'armée poursuit ses opérations militaires contre les islamistes. Aujourd'hui, il y a eu des combats violents et une guerre de rue». «Des unités de l'armée ont lancé aujourd'hui un assaut contre des fiefs d'islamistes recherchés», a ajouté le colonel Al Mesmari. Les forces pro-gouvernementales, appuyées par des civils armés, encerclaient plusieurs quartiers occupés par des islamistes, faisant état d'affrontements aux armes lourdes. Les forces aériennes loyales au général Haftar ont par ailleurs mené, selon une source militaire, de nouveaux raids, visant notamment des positions du groupe radical Ançar Al Charia.