Alors que l'agression israélienne contre le Liban s'installe dans la durée, la solution diplomatique peine à se dessiner. Le scénario le plus optimiste, à savoir une cessation immédiate des hostilités, paraît difficile à envisager en raison de l'intransigeance d'Israël qui croit pouvoir s'imposer militairement. Toutefois, ni l'intensité des bombardements du Liban ni les tentatives israéliennes d'incursion terrestre n'ont rencontré le succès escompté. Israël a de toute évidence sous-estimé la capacité de résistance du Hezbollah sur le terrain, et les moyens de guerre sophistiqués dont dispose son armée ne lui ont pas permis de réduire au silence les batteries de missiles du Hezbollah. Le schéma qui se dessine est celui d'une guerre d'usure qu'Israël, supposé plus fort, n'est pas en mesure de gagner. La diplomatie internationale tente, face à la rigidité d'Israël, d'initier un plan de paix dont les chances d'aboutir sont très minces. Ainsi, la récente réunion de Rome, qui aspirait à peser sur le sort de la crise, n'a-t-elle été qu'une rencontre presque informelle. Les parties belligérantes y étaient absentes, ce qui limite définitivement les possibilités d'un accord. L'exigence d'un cessez-le-feu ne peut être concrétisée que par l'implication directe des parties en conflit au nombre desquelles figure le Hezbollah devenu incontournable sur le théâtre des opérations. Puissamment implanté au Sud-Liban, le mouvement chiite aura sans doute son mot à dire sur le déploiement dans sa zone d'influence, d'une force multinationale d'interposition à la frontière avec Israël. Car la question se poserait de savoir si cette force sous l'égide de l'ONU aurait pour mission le maintien de la paix ou le désarmement des miliciens du Hezbollah. Une éventualité que le mouvement chiite accepterait d'autant moins qu'il est renforcé par la vive résistance qu'il a pu opposer à Israël. L'option diplomatique risquerait donc d'être contrecarrée par des positions inconciliables du Hezbollah et d'Israël, et c'est ce qui plaide pour la poursuite des affrontements et leur durcissement. Une escalade lourde de dangers majeurs pour les populations civiles qui sont frappées très durement par le raidissement des acteurs du conflit. Israël, encouragé en cela par la caution des USA et par le silence de la communauté internationale, s'enferre dans sa logique guerrière. Ce qui l'éloigne de la voie du dialogue et accentue la spirale de la violence imposée aux populations libanaises. Il en serait tout autrement si l'ONU pesait de son poids dans un monde placé sous le signe de l'unilatéralisme américain. La clé du conflit actuel se trouve dans la détermination américaine à élimer le Hezbollah de la scène libanaise et la campagne israélienne devait en être le garant. Nul n'ignore que les Américains accusent le Hezbollah d'utiliser contre Israël des roquettes et des missiles fournis par l'Iran, que le président Bush entend punir pour avoir initié un programme nucléaire. Ces mêmes Américains affectent de croire que l'opinion mondiale ignore qu'Israël reçoit d'eux son puissant arsenal et ses armes les plus sophistiquées. Des armes qui détruisent massivement le Liban et tuent des enfants, des vieillards et des femmes sans défense. Les Libanais payent au prix de leur survie des enjeux géostratégiques annonciateurs de chaos, car pour assurer la sécurité d'Israël, les USA sont prêts à démembrer tout le Proche-Orient. Hier c'était l'Irak, demain ce sera probablement l'Iran pour peu que l'Administration américaine juge que c'est son intérêt de le faire. Si la communauté internationale ne parvient pas à faire entendre la voix de la raison au président George Bush, la seule paix promise au Liban sera celle des cimetières.