La Fondation Friedrich Naumann a invité hier à l'hôtel Sofitel (Alger) Ernst Burgbacher, député du Parlement allemand et porte-parole des affaires du tourisme dans le groupe du parti libéral FDP, à faire un exposé sur le thème du tourisme. Le député a expliqué que le tourisme a besoin de beaucoup d'investissements, y compris pour la promotion, de coopération entre les régions et surtout d'un partenariat Etat-privé. « Il est inacceptable que toute une région soit gérée par l'Etat. Ce n'est pas le modèle de succès. Le privé sait mieux cerner les attentes des touristes. » Le tourisme profitera « d'une économie mondiale qui s'est ressaisie, notamment en Amérique et en Europe ». La libéralisation du transport aérien et le développement du low cost (compagnies aériennes à bas coûts) permettent d'aller à la découverte de diverses destinations touristiques. Pour faire de la bonne promotion, il faut déterminer le public visé. En Allemagne par exemple, il existe deux événements : l'ITB Berlin, réputé être le plus grand salon touristique professionnel d'Europe, et a le CMT de Stuttgart, salon des vacances à destination du grand public. Quelles sont les motivations des touristes ? Le conférencier citera les chiffres des touristes allemands pour présenter les grandes tendances : 52% partent en vacances et pratiquent des loisirs, 24% visitent la famille, font des cures de santé ou visitent des lieux religieux, 16% sont constitués de tourisme d'affaires et 8% sans raisons. En Allemagne, le tourisme a créé 2,8 millions d'emplois avec un potentiel de 400 000 autres jobs. C'est plus que l'industrie automobile et les machines. Quels sont les critères du choix d'une destination ? D'abord la sécurité, et l'Algérie, dira le député, est logée à la mauvaise enseigne. « Dans les têtes, on ne peut pas voyager en Algérie. On vous dira souvent si vous comptez vous y rendre que vous êtes fou, c'est beaucoup dangereux. » L'Algérie est classée d'ailleurs à la 147e place au niveau mondial. L'ambassadeur d'Allemagne, présent lors de cet événement, dira que « c'est une perception liée aux années noires. Vous devez remplacer cette image de marque et non la corriger, car les touristes agissent au moindre attentat. Il y a des efforts à faire dans ce domaine. Par exemple, nous avons impliqué toutes nos ambassades plusieurs mois avant le déroulement de l'exposition universelle de Hanovre et la Coupe du monde de football qui ont eu un impact positif sur le taux de fréquentation touristique. Chez vous, alors qu'Alger sera la capitale culturelle du monde arabe en 2007, personne n'en parle. Alger a une chance à saisir et personne ne se rend compte de cette opportunité ». M. Chami, DG de la CACI, confirme : « On n'a pas de politique touristique et de communication. On a su gérer le tourisme d'affaires, mais pas celui qui s'adresse à toute la population. Les hôtels convenables à Alger sont souvent complets. Pour avoir une chambre, il faut intervenir ou connaître telle ou telle personne. Quand vous arrivez à l'aéroport d'Alger, vous êtes perdu. Il n'y a aucune indication et celui qui vous attend est à un kilomètre de vous. Quand on voyage en France ou en Allemagne, on n'a besoin de personne. En plus, le touriste ne cherche pas que la détente. Il faut l'accompagner en lui proposant des loisirs et des visites sur des sites culturels ou historiques ». Hammouche Belkacemi de l'ONAT a fait un petit historique de l'évolution de notre tourisme qui semblait avoir « une politique cohérente après l'indépendance » et qui, après avoir traversé des zones de turbulences, retrouve un peu de couleurs, notamment au Sud où l'opérateur traite jusqu'à 15 000 touristes. Parmi les autres exigences des touristes figurent la relation qualité/prix, l'écologie et le service. Ernst Burgbacher a délivré un message clair et simple : le tourisme ne peut se réduire à « la fraîcheur de l'été », mais il s'agit bien d'une industrie.