«Le transfert de technologies et du savoir-faire en Algérie ne pourrait se faire qu'avec la mobilisation de la diaspora algérienne présente dans divers secteurs économiques européens», a déclaré, hier, M. Francis Ghilès, chercheur au centre d'études internationales de Barcelone (Cidob) et spécialiste du Maghreb, lors d'une conférence intitulée « le coût du non-Maghreb ne cesse d'augmenter », et ce à l'occasion d'un débat initié par le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) avec le soutien de la fondation Friedrich Naumann. Aussi, il a souligné l'intérêt que représente la diaspora algérienne en termes d'apport de savoir-faire, d'innovations technologiques dont le pays a besoin dans le cadre de sa nouvelle politique de relance économique. « Il est important de faire appel à la diaspora algérienne installée en Europe et ailleurs dans le monde pour atteindre une croissance économique par l'introduction et la maîtrise des nouvelles technologies », recommande-t-il. Il a signalé dans ce sens l'existence de 40.000 ingénieurs algériens qui activent dans divers secteurs économiques en Europe. Il faut fixer et organiser, selon M. Francis Ghilès, des échéances, une stratégie et des objectifs à atteindre d'ici 2030. L'exemple chinois, dont les réformes économiques ont été entamées il y a 31 ans, est plus qu'édifiant, selon ce spécialiste. « Fixant des objectifs et une stratégie portant sur la libéralisation économique, en 1979, la Chine a fait appel à sa diaspora éparpillée dans le monde en vue de relever les défis de la croissance économique dans un nouveau cadre libéral et ouvert sur le monde », a-t-il indiqué, pour dire que les meilleurs relais de l'Algérie à étranger restent les Algériens. Le spécialiste du Maghreb a également souligné l'exemple de l'Afrique du Sud qui a mobilisé sa communauté installée à l'étranger pour relever les nouveaux défis, après la fin de l'apartheid. La communauté maghrébine détient actuellement comme épargne, dit-il, plus de 200 milliards d'euros qui ne cherchent qu'à être mobilisés comme investissements productifs. Mais il n'a pas manqué de souligner le conflit du Sahara Occidental qui représente, selon lui, l'un des obstacles majeurs à la coopération entre les pays du Maghreb. Le « coût du non-Maghreb » peut se décliner ainsi par des partitions différentes aux plans notamment de l'énergie, des banques, transports, de l'agroalimentaire, de l'éducation, la culture et le tourisme.