La chancelière conservatrice allemande Angela Merkel semblait assurée de continuer à diriger la première puissance économique européenne à l'issue des élections législatives hier, mais pas forcément avec son partenaire préféré. Quelque 62,2 millions d'électeurs étaient invités à voter entre 06H00 GMT et 16H00 GMT pour élire la nouvelle assemblée du Bundestag, qui choisira le chef de gouvernement chargé de sortir le pays de sa pire récession depuis la guerre. Les derniers sondages accordaient entre 46 et 48% des intentions de vote à l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel et à ses partenaires privilégiés, les libéraux du FDP. Mais les pronostics étaient d'autant plus difficiles que dans les derniers jours de campagne, un quart des électeurs se disait indécis, un record. Le temps au beau fixe sur une large partie du pays dimanche matin pourrait stimuler la participation, selon les experts. Elle avait atteint son plus bas niveau historique en 2005 à 77,7%. Le candidat du SPD, Frank-Walter Steinmeier, a voté en matinée à Berlin. La chancelière devait accomplir son devoir civique en milieu de journée. La sécurité a été renforcée dans le pays, singulièrement dans les gares et les aéroports, alors qu'à l'approche du scrutin des menaces de militants islamistes ont circulé sur internet, dont un message sous-titré en anglais et en allemand du chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden. Première femme à diriger l'Allemagne et première chef de gouvernement issue de l'ex-RDA, Angela Merkel, 55 ans, est quasiment assurée de conserver son poste pour les quatre prochaines années, sauf énorme surprise dans les urnes. "Je suis toujours optimiste", a-t-elle déclaré à l'édition dominicale du quotidien Bild. La CDU a mené une campagne peu pugnace, totalement centrée sur cette chancelière à la popularité record et en évitant les débats de fond. Selon les politologues, au-dessus de 47%, Mme Merkel pourra gouverner avec le FDP, comme elle le souhaite, mais en dessous les calculs seront serrés. Une majorité d'Allemands s'attend d'ailleurs à une reconduction de la "grande coalition" entre les conservateurs CDU et les sociaux-démocrates SPD. Les sociaux-démocrates sont crédités de 26-27% des voix, ce qui serait leur plus bas niveau historique, après avoir longtemps stagné à 20-23%. Une bonne performance de leur candidat Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères, lors d'un duel télévisé avec Mme Merkel le 13 septembre, avait amorcé la remontée. De son côté, le chef du FDP, Guido Westerwelle, a présagé dimanche une "majorité plus importante que ce que tout le monde croit" pour la CDU et le FDP. "Les Allemands veulent en finir avec la grande coalition, sans tomber dans un gouvernement de gauche", a-t-il dit à Bild. Les coalitions CDU-FDP et CDU-SPD sont les deux seuls scénarios réalistes, bien qu'en théorie d'autres combinaisons soient possibles. 29 partis sont en lice mais seuls cinq devraient franchir la barre des 5% requise pour entrer au Bundestag. Outre la CDU et le SPD, les Verts sont crédités de 10 à 11% des intentions de vote, les Libéraux de 11 à 14% et Die Linke (extrême gauche) de 10 à 12% des voix. De nombreux dossiers économiques attendent le prochain occupant de la chancellerie, dont l'accroissement annoncé du chômage, l'augmentation des déficits et les difficultés du système éducatif et de santé, alors que le pays commence à sortir de la récession. La sortie programmée du nucléaire, sur laquelle la CDU et le FDP entendent revenir, était également l'un des thèmes de la campagne. L'engagement de l'Allemagne en Afghanistan figurera aussi à l'ordre du jour politique du prochain gouvernement. M.K.