La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a réagi, hier, au dernier discours «haineux» du souverain du Maroc, Mohammed IV, lors du 39e anniversaire de l'invasion (marche verte) du Sahara occidental. «C'est un discours suicidaire», a estimé, lors d'une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Salem Ould Salek, pour lequel ce discours «insultant» du roi n'a fait que dévoilé sa nature expansionniste, contraire à la légalité internationale. Pour le ministre sahraoui, à travers ce discours où le roi s'est singularisé par des déclarations d'hostilité à l'égard de l'Algérie, le Maroc donne des signes de panique, d'autant qu'il a été «rappelé à l'ordre» dernièrement par le Conseil de sécurité. Ainsi, pour le conférencier, «le Maroc a toutes les caractéristiques d'un Etat colonial» et les déclarations de Mohammed VI, où il «foule aux pieds» toutes les résolutions de l'ONU, dénotent que «le roi est aux abois» et ses tentatives de se dérober aux engagements des instances onusiennes et des droits de l'homme ont mis le makhzen dans un isolement sans précédent. Ce qui fait dire à Ould Salek que «Mohammed IV est au pied du mur», d'autant que «nous avançons vers une situation de confrontation entre le Maroc et les Nations unies». Le diplomate sahraoui a, par ailleurs, fait état d'informations mettant en lumière l'implication du Maroc dans des scandales de corruption avec des instances onusiennes et des gouvernements soutenant ses thèses, ainsi que les entraves qu'il met à certaines ONG et rapporteurs de l'ONU. «Mais la politique marocaine de corruption, de chantage et de création de lobbies dans plusieurs capitales a été vaine», a-t-il soutenu. Le ministre explique la «colère du roi» par les «récentes mises en garde» du Conseil de sécurité de l'ONU, lequel, après une réunion d'évaluation avec Christopher Ross, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'organisation onusienne, a décidé de remettre sur rails le processus de décolonisation du Sahara occidental. En outre, tout en dénonçant «le mépris» affiché par le roi à l'encontre des efforts de la communauté internationale et ses «accusations infondées» contre l'Algérie, Ould Salek rappelle que «ce discours intervient à la suite de la réponse rapide du porte-parole du secrétaire général de l'ONU, lequel a indiqué que le Maroc doit coopérer pour la reprise des négociations entre les deux parties». «L'ONU espère le retour rapide du processus de négociations et des visites de l'envoyé personnel du secrétaire général, Christopher Ross», a déclaré vendredi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Ce dernier a ajouté, comme pour défier le Maroc : «L'ONU poursuivra son travail pour tenter de résoudre le conflit.» Salem Ould Salek lie également «la sortie haineuse» du roi à la désignation, l'été dernier par l'ONU, à la tête de la Minurso, de la Canadienne Kim Bolduc. Cela étant, tout en considérant le Maroc est le premier obstacle au développement des peuples dans la région, Ould Salek estime que «la question sahraouie connaît une évolution positive, même si le rythme demeure lent». Et d'appeler «urgemment» l'UA, l'ONU et les membres du Conseil de sécurité à prendre leurs responsabilités dans l'achèvement du processus de la décolonisation du Sahara occidental. Il les exhorte à réagir «avec responsabilité et sagesse aux efforts louables de l'organisation internationale, afin de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance». Autrement, «le peuple sahraoui est toujours prêt à répondre par la guerre si le Maroc continue à confisquer son droit à la liberté», met en garde le conférencier.