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Absence de régulation du marché du miel : Un élixir au goût «si cher»
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Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2014

On lui attribue des vertus éléphantesques ! Le miel est une merveille de la nature, et partant un marché juteux qui fait exploser toutes les bourses.
Paradoxalement, plus il est cher, plus on l'achète. Un vrai produit de luxe, cédé à au moins 3000 DA le kilogramme ! Il faut dire que depuis la nuit des temps, le miel est considéré comme l'élixir d'une longue vie synonyme d'une bonne santé. Prisé pour ses multiples vertus médicinales, il est également considéré comme le nec plus ultra des aliments. Mais c'est surtout pour son action protectrice du système immunitaire en cas de rhume ou de grippe qu'il est affectionné. C'est d'ailleurs le plus souvent en cette période de l'année, où le froid commence à pointer son nez, que les citoyens se mettent davantage en quête de cette substance sucrée naturelle, si chère à nos papilles gustatives, mais dont le prix fait souvent mal au porte-monnaie.
Nul n'ignore cela. C'est une lapalissade. Le miel est fabriqué par les abeilles qui parcourent des kilomètres quotidiennement pour récolter le nectar des fleurs, lequel se transforme en miel après plusieurs passages dans la bouche des ouvrières et quelques autres étapes qu'elles seules connaissent. L'apiculteur intervient par la suite pour le récolter en vidant les ruches.
Donc, le principal mérite revient aux abeilles, dont l'effort et l'endurance sont à l'origine de la fabrication du miel, un pur produit de la nature généreuse. Mais alors pourquoi cette substance énergétique est-elle vendue si cher sur le marché ? Le miel, le vrai, est toujours très recherché, pas seulement pour son fabuleux goût savoureux et inégalé, mais surtout pour ses nombreuses propriétés curatives. Or, pour arriver à ce pur produit de la ruche, les chemins sont semés d'embûches, de contraintes administratives et de… piqûres lancinantes. Et c'est essentiellement cette somme d'embûches et de contraintes que le consommateur friand de miel paye cher.
Et, afin d'en savoir davantage sur les difficultés du métier, nous avons pris attache avec une apicultrice de la région de Constantine, Mme Hamla, laquelle nous a fait part de son expérience récente dans le domaine et explicité les raisons qui incitent les apiculteurs à céder le miel, aliment naturel fabriqué par les abeilles, à des tarifs dispendieux.
Cheptel insuffisant
Nouvelle dans le domaine, Mme Hamla estime, à cet effet, que le prix élevé du miel est la conséquence d'une somme de paramètres, à leur tête celui de l'offre et de la demande. Selon elle, si l'offre n'est pas à la hauteur de la demande, c'est notamment à cause du «manque d'investissement dans ce domaine, il y a un manque de ruches, autrement dit il n'y a pas suffisamment d'abeilles. De plus, c'est un métier ardu et méconnu. Il faut vouloir le faire et avoir aussi beaucoup de patience, surtout que les abeilles sont sensibles et peuvent être affectées par certaines maladies virales ou parasitaires.
Il ne faut pas oublier également que durant la période du terrorisme, certains apiculteurs ont carrément arrêté la production mellifère pour des raisons de sécurité». Lors de la 14e édition de la Foire nationale de l'apiculture qui a eu lieu dernièrement à Alger, il a également été établi que la production mellifère est en baisse à cause notamment de la sécheresse et des incendies de forêt. Du coup, conformément à la règle de l'offre et de la demande, le prix du miel ne connaîtra donc pas de baisse cette année encore. Forcément, cela se répercute sur le prix du miel, cédé environ 3000 DA le kilogramme actuellement (s'agissant du miel de toutes les fleurs).
Les miels à base de thym et de lavande sont les plus chers et sont cédés entre 3500 DA et 4000 DA le kilogramme.
Des prix fixés par l'apiculteur, d'autant plus qu'en l'absence de concurrence ou d'une tarification officielle spécifiée par l'Etat — lequel ne s'implique pas beaucoup dans ce secteur — les apiculteurs dictent leurs propres règles.
Des règles sucrées «salées»
Notre interlocutrice incombe, par ailleurs, la cherté du miel à celle des médicaments vétérinaires, notamment pour annihiler le varroa, principal prédateur des abeilles. «Nous achetons les médicaments chez les vendeurs de matériel apicole. Le traitement est cher et son prix varie en fonction du nombre de ruches en notre possession. Il arrive aussi que les médicaments en question soient introuvables sur le marché».
Au demeurant, quand les abeilles sont atteintes d'une maladie, les conséquences peuvent être désastreuses et la production de miel est alors compromise. D'où la nécessité impérieuse de contrôler les ruches régulièrement et d'observer l'évolution normale du couvain pour éviter, le cas échéant, l'apparition de maladies. Autre danger pouvant guetter les abeilles : le vol. Ce dernier est favorisé par l'éloignement du terrain sur lequel sont installées les ruches des habitations, ce qui contraint parfois les apiculteurs à faire appel à un gardien pour surveiller le rucher. Une obligation impliquant, par voie de conséquence, des frais supplémentaires.
L'autre obstacle également auquel sont confrontés les producteurs de miel, selon notre interlocutrice, est la location du terrain. Ce dernier doit être loin des habitations (de leurs occupants surtout) ou d'animaux de ferme à cause des risques de piqûres, mais situé de préférence dans un lieu pourvu de plantes et d'arbres mellifères, car une colonie doit avant tout pouvoir trouver une grande quantité de nectar, suffisante pour assurer sa nourriture, mais pour permettre également à l'apiculteur de récolter sa part de miel. Et comme ce secteur obéit à ses propres règles, le tarif de location du terrain est fixé en fonction du nombre de ruches disposées. Il serait de l'ordre de 60 000 DA/ an.
Le secteur navigue à vue
Donc, pour résumer le tout, les apiculteurs fixent le prix du miel en fonction de tous ces éléments indispensables à la production mellifère : des abeilles en bonne santé, un terrain adéquat, une prise en charge médicamenteuse efficace, de la patience, une surveillance de tous les instants du rucher, mais aussi du savoir-faire et un peu d'huile de coude. Cela dit, à défaut d'une régulation du marché du miel par l'Etat, le secteur apicole navigue à vue, sans balises, sans contrôle.
Le consommateur désireux d'acheter du miel de rucher de qualité doit souvent se rendre à la source pour éviter celui suspect et travesti proposé par les revendeurs, lesquels n'hésitent pas à mélanger des substances glucosées douteuses au miel naturel de rucher. Bien entendu, son prix est tout aussi exorbitant que celui du miel «pur». Sachant cela, le consommateur «conditionné» se tourne dès lors vers l'apiculteur et accepte sans ciller le tarif exigé par ce dernier, car en contrepartie il sait que le produit acheté est de bonne qualité.
«Si par exemple un apiculteur réclame un prix un peu bas, le consommateur va penser que le produit est de moindre qualité. Donc, le producteur est contraint de suivre le prix du marché. De plus, la récolte se fait une fois par an et une ruche produit en moyenne entre 10 à 30 kg de miel, cela dépend de la zone dans laquelle se trouve le rucher. L'apiculteur doit faire face à des charges, il doit prendre sa part de miel et laisser aussi une réserve pour les abeilles pour la saison froide», précise, à ce sujet, Mme Hamla.
En clair, le consommateur n'a pas beaucoup le choix. Que ce soit chez le revendeur ou l'apiculteur, la facture du miel est toujours… salée. Seule la qualité fait la différence.


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