-Qu'est-ce qui vous a amené à comparer la société algérienne à la société américaine ? En quoi sont-elles comparables ? Similaires ? Elles sont comparables dans le sens où les gens des deux sociétés travaillent très dur pour réussir dans la vie. Si vous êtes étonnés d'entendre que les Algériens travaillent aussi dur que les Américains, sachez que j'ai des preuves concrètes : sans exception, tous les Algériens que j'ai rencontrés aux USA avaient réussi. Bien sûr c'est un petit échantillon (élite intellectuelle) qui n'est pas représentatif des Algériens, mais cela montre que les Algériens ont du potentiel, ils ont «the drive to succeed» (la volonté de réussir). Quand ils se débarrassent des obstacles, les Algériens peuvent travailler très dur et réussir. Si les USA avaient des obstacles d'ordre humain comme ceux des Algériens (corruption, injustice, etc.), ils n'auraient jamais atteint la Lune. Pourquoi ? Parce que «laz'mak el maârifa bach troh ela lune» (il te faut du piston pour aller sur la Lune). -Les personnes souffrant de stress pourront-elles mener une vie normale si elles sont prises en charge ? Le stress fait partie de nos vies depuis la nuit des temps. L'homme préhistorique redoutait le lion, aujourd'hui ce lion a été remplacé par la famille étendue, la bureaucratie, l'injustice, le travail et la pauvreté. Ces menaces diverses taxent l'organisme humain au fil des temps. Le stress aigu devient un stress chronique et le cycle continue. Le stress n'est pas toujours nocif pour l'organisme. Un peu de stress peut être positif (appelé «eustress » en Anglais) comme le mariage, la réussite au bac, etc. Les études entreprises aux USA sont arrivées à la conclusion que quand les gens sont oisifs, ils sont stressés. Quand ils sont trop affairés, ils sont aussi stressés. -Pourrait-on mener une vie normale si on est pris en charge ? Il y a des milliards de gens de par le monde qui sont stressés quotidiennement mais arrivent à vivre avec le stress. Comme dit Lazarus, un expert du stress : «Most of the time you can cope with stress but you can't eliminate it.» (La plupart du temps tu peux tolérer le stress, mais tu ne peux pas l'éliminer). En Algérie, on traite le stress au moyen de médicaments, mais pas par la psychothérapie et c'est dommage. Aux USA, c'est le contraire depuis les années 1970. Il y a beaucoup de gens aux USA qui pensent que «you can't resolve your problems with a pill». (Tu ne peux pas résoudre tes problèmes avec une pilule). Sigmund Freud fut le premier à remarquer une corrélation entre la thérapie du «talk» (parler) et le soulagement. -Le stress en Algérie, comment évolue-t-il dans notre société ? Quelles en sont les causes ? Les conséquences ? Les conséquences du stress sont désastreuses : nos femmes, nos hommes et surtout nos enfants souffrent constamment. Les effets physiologiques que l'on voit sont connus et nombreux, les effets psychosomatiques comprennent l'infarctus, l'hypertension, etc. Les effets psychologiques et psychosomatiques qu'on ne voit pas aisément, mais qui sont ressentis par nos malades sont innombrables. Des études aux USA retiennent des symptômes allant du mal de tête, en passant par la tension, jusqu'au suicide. -Quels remèdes prescririez-vous en tant que psychothérapeute ? Il y a autant de remèdes que de types de stress. En général, il y a 2 types de remèdes : ceux qui ne coûtent rien ou presque rien ; ceux qui coûtent un peu ou beaucoup d'argent. La première catégorie comprend des remèdes d'ordre cognitif qui ne coûtent rien ou presque rien : a) riez quotidiennement ; b) ne prenez pas les choses trop sérieusement ; c) ne prenez pas les choses trop personnellement, etc. Le second type de remèdes coûte un peu ou beaucoup d'argent. 1)- «Deep muscle relaxation with visualisation» (Relaxation profonde des muscles avec visualisation) avec l'aide d'un psychothérapeute 20 à 30 minutes de relaxation quotidiennement a pour but d'augmenter le taux d'oxygène dans les muscles / le cerveau et réduisent la tension artérielle. 2)- voir un psychologue pour parler de vos problèmes. 3)- prendre des tranquillisants. -Vos prochains articles porteront sur quels sujets ? Les sujets concernant la protection des femmes et des enfants battus en Algérie et ce qu'on peut apprendre des Américains m'intéresse beaucoup. Après cela, j'ai beaucoup de passion pour l'amélioration de l'enseignement supérieur. Ensuite, la psychothérapie et la diversité culturelle, qui ont une place de choix dans mon cœur et sont mes favoris. Mon expérience aux USA va colorer et toucher tous ces sujets parce qu'il y a tant de choses qu'on peut apprendre des Américains. Mon titre provisoire est : Si l'Algérie était ma patiente, ce qu'elle me dirait... -Qu'est-ce que vous faites maintenant en Algérie ? Actuellement, je travaille comme psychologue et psychothérapeute dans un cabinet de groupe (Meziani) à Aïn Beida (OEB). Et puis aussi pour payer ma dette envers mon pays en participant à populariser ou vulgariser la psychothérapie. On voit des patients quotidiennement qui souffrent de maux divers allant des maladies mentales compliquées, comme la schizophrénie en passant par les troubles de la personnalité (attaque de panique) jusqu'aux problèmes psychologiques ayant un contexte social (mésentente maritale, échec scolaire ... -Quels sont vos projets futurs en Algérie ? Mon plus ambitieux projet serait de sensibiliser et de populariser la psychothérapie en Algérie. J'imagine le jour où les Algériens iront voir un psychothérapeute sans se soucier du qu'en dira-t-on ? Ils considéreraient la «talk» thérapie (thérapie par la parole) comme quelque chose de très ordinaire. Ma meilleure stratégie pour accomplir ce but colossal serait de faire cela à travers les médias, peut-être un programme de télé où les téléspectateurs pourraient voir un psychothérapeute faire son travail (avec des patients ou une famille dysfonctionnelle par exemple) et comprendre comment les psychothérapeutes peuvent se montrer capables d'aider les gens et de réaliser des résultats concrets et probants.